Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/304

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pas les Juifs, ne fait pas la moindre allusion, dans ses annales, à leur complicité. Ce fut seulement plus tard qu’on eut l’idée d’impliquer dans ce crime les favoris juifs de Don Pedro. On raconta que, sur l’ordre du roi, un Juif empoisonna la reine Blanche, parce qu’elle avait manifesté la volonté d’expulser les Juifs du royaume. Une romance française a perpétué cette légende.

Quoi qu’il en soit, Henri de Transtamare profita de l’impression pénible produite par l’exécution de la reine Blanche pour essayer de gagner des alliés contre Don Pedro. Ses démarches furent bien accueillies par les Bourbons et le roi de France, qui lui envoyèrent des bandes d’aventuriers connues sous le nom de a grandes compagnies a. Le pape également favorisait Henri de Transtamare, parce qu’il voyait avec déplaisir Don Pedro témoigner de la bienveillance aux Juifs de son royaume, et, sans autre forme de procès, il excommunia le roi. Du reste, Henri aussi essaya de justifier sa révolte contre son frère en le montrant trop ami des Juifs. Il alla plus loin, il ne déclara pas seulement que la favorite Marie de Padilla était juive, il accusa le roi lui-même de descendre de Juifs.

Appuyé fortement par les aventuriers des grandes compagnies, qui avaient à leur tête le célèbre Bertrand Du Guesclin, Henri de Transtamare passa les Pyrénées pour marcher contre son frère. Les Juifs se rangèrent tous sous le drapeau de Don Pedro, le soutenant de leur argent et défendant vaillamment ses villes fortes contre les attaques de Henri et de Du Guesclin. Malheureusement, Don Pedro ne sut ni concentrer à temps ses partisans, disséminés un peu partout, ai acheter les troupes mercenaires qui le combattaient. À ce moment, il déplorait sans nul doute l’absence de son prudent et habile ministre juif Don Samuel. La ville de Tolède tomba au pouvoir de Henri, qui imposa à la communauté jure une forte amende pour la punir d’être restée fidèle au roi légitime. Don Pedro ne possédait plus que Séville.

Pourtant la fortune lui sourit de nouveau. Après avoir été obligé de s’enfuir de l’autre côté des Pyrénées et abandonner tous ses États au vainqueur, il revint dans son royaume sous la protection du vaillant prince de Galles, que son armure avait fait surnommer le Prince Noir. Henri de Transtamare dut quitter l’Espagne (1367). Mais le triomphe de Don Pedro fut de courte durée. Le