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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/31

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protecteur et le défenseur des communautés juives de l’Espagne et de l’étranger. À Cordoue même, il exerçait sur la communauté une sorte de souveraineté politique et judiciaire. Quoiqu’il fût, sans doute, encore moins versé dans le Talmud que ce Nathan qui dut se retirer devant Moïse ben Hanok, l’académie de Babylone lui décerna cependant le titre pompeux de chef des assemblées de savants (Resch Kalla).

On a déjà vu précédemment que Hasdaï était lié avec Dounasch ben Tamim, qui composa pour lui un traité astronomique sur la calendrier juif. Il était aussi en relations avec Dossa, le fils de Saadia, qui, sur sa demande, lui envoya la biographie de son père. Du reste, Hasdaï s’intéressait vivement à ses frères de toutes les contrées. Chaque fois que des ambassadeurs lui rendaient visite, il s’informait de la situation des Juifs de leur pays et les recommandait à leur bienveillance.

À deux reprises différentes, Hasdaï eut l’occasion d’entrer en rapports avec des délégués envoyés par les puissances les plus importantes de l’Europe. L’empire byzantin, menacé de tous les côtés, avait besoin sans cesse des secours du dehors. Sous le règne du faible et prétentieux Constantin VIII, dont le père et le frère avaient si cruellement persécuté les Juifs, une brillante ambassade se rendit à Cordoue (vers 944-949) pour contracter, au nom de leur maître, une alliance contre le khalifat d’Orient avec le puissant souverain musulman de l’Espagne. Ce fut Hasdaï qui reçut les envoyés byzantins. Parmi les magnifiques cadeaux apportés au khalife se trouvait un ouvrage d’un médecin grec, Dioscoride, traitant des propriétés des simples. Sur le désir du collège médical de Cordoue, le khalife avait demandé ce livre à l’empereur de Byzance. Celui-ci avait envoyé avec le livre un moine, Nicolas, chargé de le traduire du grec en latin. Le seul médecin qui comprit cette langue à Cordoue était Hasdaï, et, à la grande satisfaction du khalife, il traduisit en arabe la version latine de Nicolas.

À l’occasion d’une autre ambassade, celle du puissant empereur allemand Othon Ier, qui était venue à Cordoue, Hasdaï joua un rôle plus important. Abdul Rahman avait envoyé auprès d’Othon une délégation avec une missive qui contenait quelques expressions injurieuses pour le christianisme. Irrité de cette audace, l’empereur