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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/335

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temps, la Cabale avait des adeptes actifs et convaincus, qui la propageaient arec succès parmi les Juifs. Trois surtout d’entre eux étaient particulièrement remuants : Abraham de Grenade, Schem Tob ben Joseph et Moïse Botarel.

D’après Abraham de Grenade, qui florissait vers 1391-1409, quiconque n’adorait pas Dieu à la manière des cabalistes n’était pas un vrai croyant et péchait par ignorance. Il affirmait aussi que si tant de Juifs instruits avaient accepté le baptême pendant les massacres de 1391, c’est parce qu’ils s’étaient occupés de science et avaient négligé la Cabale. Du reste, il prétendait que ces nombreuses abjurations et les violences exercées contre les Juifs indiquaient l’arrivée des temps messianiques et annonçaient avec certitude une prochaine délivrance.

Pour Schem Tob ben Joseph ibn Schem Tob (décédé en 1430), c’étaient les philosophes juifs, y compris Maimonide et Gersonide, qui avaient égaré les Juifs, les avaient écartés de la vraie foi et les avaient rendus incapables de supporter les épreuves pour leur religion. Dans un ouvrage intitulé Emounot, il attaque avec violence ces philosophes et, en général, l’étude de la philosophie. et il proclame gravement que pour Israël, le salut ne peut venir que de la Cabale, qui seule enseigne la vérité et est dépositaire des anciennes traditions juives.

Si ces deux cabalistes n’étaient pas de profonds penseurs, ils avaient, du moins, le mérite d’être honnêtes et convaincus. Tout autre était leur collègue, Moïse Botarel, de Cisneros, dans la Castille. Il comptait sur la crédulité de ses coreligionnaires pour se faire accepter comme prophète et même comme Messie, annonçant avec fracas qu’au printemps (de l’année 1393) des miracles seraient opérés qui amèneraient la délivrance définitive d’Israël. Plus tard, il composa un ouvrage où l’on ne trouve que mensonges et imposture. Orgueilleux et vantard, il publia des lettres adressées à tous les rabbins, où il se déclare prêt à résoudre toutes les difficultés de la Bible et du Talmud et à éclaircir tous les doutes, et où il prend le titre de chef du Grand Sanhédrin. Il paraît que Hasdaï Crescas lui-même, malgré sa haute et claire intelligence, eut foi dans les paroles de Botarel et parla de lui dans la synagogue comme d’un rédempteur. Cette agitation semble avoir pris fin