Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/347

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soit par ses prédications, soit par la réputation de ses exploits, causa un mal considérable aux Juifs. Dans la Savoie, où il fit un court séjour, les Juifs furent obligés de se cacher dans des cavernes avec leurs livres sacrés. En Allemagne, où la haine contre les Juifs existait presque à l’état endémique, elle se manifesta avec un caractère particulier de violence pendant la période troublée du règne de l’empereur Sigismond et des délibérations du concile de Constance. Les communautés d’Italie aussi, dont la tranquillité fut pourtant à peine menacée, étaient quand même dans une anxiété continuelle, s’attendant sans cesse à être attaquées. Sous l’impression de cette crainte, elles organisèrent un grand synode, à Bologne d’abord, et ensuite à Forli (1416 et 1418), pour examiner comment elles pourraient écarter les dangers qui les menaçaient et recueillir les fonds nécessaires pour acheter la protection du pape et du collège des cardinaux.

Au milieu de leurs inquiétudes, les Juifs virent subitement luire pour eux un rayon d’espoir. Le concile de Constance venait. en effet, d’élire comme pape un homme qu’on disait animé de sentiments de justice et de tolérance. C’était Martin V. Le nouveau pontife, il est vrai, fit un accueil peu aimable aux Juifs de Constance quand, dans son parcours en procession solennelle à travers la ville, ils allèrent au-devant de lui, flambeaux en mains, lui présenter un rouleau de la Loi et sollicitèrent son appui. Vous possédez la Loi, leur dit-il, mais vous ne la comprenez pas ; les vieilles choses ont disparu, remplacées par des choses nouvelles. Mais, à l’occasion, il leur témoigna de la bienveillance. Ainsi, sur la demande de l’empereur Sigismond, il confirma les privilèges des Juifs d’Allemagne et de Savoie, concédés précédemment par l’empereur Robert, qui leur garantissaient la sécurité de leurs biens et de leurs personnes et le libre exercice de leur religion. À la suite de la promulgation de la bulle papale, Sigismond, qu’on pouvait accuser de légèreté et de cupidité, mais qui était ennemi de toute violence, ordonna à tous les princes allemands, à ses fonctionnaires, villes et sujets, de respecter les immunités accordées à ses serfs de chambre par Martin V (26 février 1418).

Le synode italien aussi, lorsqu’il eut été informé des dispositions