Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/391

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dans ses idées, et il blâmait vivement les obscurantistes de vouloir défendre le judaïsme contre toute influence étrangère comme d’une profanation.

Elia del Medigo ou Elia Cretensis (né en 1463 et mort en 1498) descendait d’une famille allemande émigrée dans l’île de Crète ou Candie. C’est la première personnalité vraiment éminente que le judaïsme italien ait produite. D’une intelligence claire et nette, il formait un vif contraste avec les esprits un peu nébuleux de son temps. Ses connaissances étaient très étendues, il avait reçu une sérieuse culture classique, était familiarisé avec la philosophie et écrivait le latin avec une grande facilité. Son bon sens le préserva des exagérations néo-platoniciennes qui égarèrent alors tant d’esprits superficiels en Italie. Par ses traductions comme par ses travaux originaux et son enseignement, il fit connaître à ses contemporains italiens les doctrines des philosophes grecs, juifs et arabes. II eut comme élève, ami et protecteur le célèbre comte Jean Pic de la Mirandole, à qui il enseigna l’hébreu et la philosophie arabo-aristotélicienne. Le maître juif aurait également pu enseigner à son élève à mettre de la clarté dans ses idées.

Il arriva, à ce moment, qu’à propos d’une question scientifique, les maîtres et les élèves de l’université de Padoue se divisèrent en deux camps et cherchèrent, à la fin, à résoudre le point en litige à coups de rapière. Pour mettre un terme à ces querelles, l’université de Padoue, d’accord avec le sénat de Venise, demanda à Elia del Medigo de faire connaître son avis. Elle savait que des deux côtés on s’inclinerait devant l’érudition et l’impartialité du savant juif. Elia fit des conférences publiques à Padoue sur la question controversée, et ses conclusions furent, en effet, acceptées par toute l’université. À la suite de cet incident, il fut chargé officiellement d’enseigner la philosophie à Padoue et à Florence. Ainsi, la papauté, qui avait promulgué tant de lois humiliantes contre les Juifs d’Espagne, dut tolérer en Italie qu’un Juif réunit autour de sa chaire des élèves chrétiens.

Après avoir acquis las connaissances les plus variées, Pic de la Mirandole, qui était plutôt. un érudit qu’un penseur, désira également se faire initier aux mystères de la Cabale. Il prit pour