Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/342

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de la grandeur de leur tâche, rivalisaient de zèle et d’activité pour l’accomplir dignement. Ils avaient à cœur de mettre en pratique les conseils d’un de leurs collègues, Lipmann Cerf Berr, qui, dans une allocution chaleureuse, leur avait recommandé d’oublier qu’ils étaient Alsaciens, Portugais ou Italiens, pour se montrer tous animés des mêmes pensées et des mêmes sentiments.

Au commencement, les députés avaient éprouvé quelque inquiétude au sujet des intentions de Napoléon. Mais, lorsque l’officier de la garde d’honneur qui se tenait à l’entrée de la salle s’approcha de leur président pour recevoir ses ordres, que les tambours battirent aux champs et que les soldats présentèrent les armes, leur crainte fit place à un sentiment de joyeuse espérance. Ils voyaient déjà les Juifs définitivement relevés de l’état d’abaissement dans lequel on les avait tenus pendant tant de siècles, et leur culte pour l’empereur s’en accrut encore.

Les délégués de France étaient déjà réunis quand arrivèrent ceux d’Italie. Le plus important d’entre eux était Abraham-Vita de Cologna, rabbin de Mantoue (1752-1832). Cologna ne se distinguait ni par sa science talmudique, ni par ses connaissances profanes, mais il était d’un extérieur imposant et possédait un remarquable talent d’orateur. Il manifestait des tendances libérales et croyait nécessaire, lui aussi, d’essayer de rendre plus fréquents les rapports entre les Juifs et les autres croyants pour faire sortir ses coreligionnaires de leur isolement.

Dans la seconde séance (29 juillet), les trois commissaires impériaux soumirent douze questions à l’examen de l’assemblée, l’invitant à y répondre avec conscience et sincérité. Une manifestation caractéristique se produisit à l’énoncé d’une de ses questions. Quand le secrétaire eut demandé : Les Juifs liés en France et traités par la loi comme citoyens regardent-ils la France comme leur patrie et ont-ils l’obligation de la défendre ? tous les notables s’écrièrent d’une voix unanime : Oui, jusqu’à la mort ! D’autres questions concernaient les mariages entre Juifs et chrétiens, la polygamie, le divorce et l’usure.

Dans cette même séance, on nomma une commission de neuf