Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/41

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Réforme, invita des ecclésiastiques, des laïques et des municipalités, notamment celles de Francfort et de Worms, à se réunir à Francfort pour décider l’expulsion définitive des Juifs d’Allemagne. De nombreux délégués répondirent à cet appel (7 janvier 1516). À cette réunion, on proposa que tous les États s’unissent pour renoncer à tous les avantages et profits que leur procuraient les Juifs et les exiler à tout jamais. Cette résolution devait ensuite être soumise à la ratification de l’empereur. Selon la coutume des assemblées allemandes, on fixa une nouvelle réunion (8 mars) où l’on voterait définitivement cette motion.

Devant l’imminence du danger, les Juifs se décidèrent à envoyer une députation auprès de l’empereur Maximilien pour solliciter sa protection. Le souverain se souvint heureusement que les Juifs d’Allemagne, tout en étant les sujets de divers princes et seigneurs, ne dépendaient, en réalité, que de lui comme serfs de la chambre impériale. Il adressa donc une missive très sévère à Albert de Brandebourg, au chapitre de Mayence, ainsi qu’à tous ceux qui avaient pris part à la diète de Francfort, pour leur témoigner son mécontentement et leur interdire de se réunir au jour fixé. Pour le moment, les Juifs de cette région étaient sauvés. Mais peu de temps après la mort de Maximilien, à la suite de l’émeute des ouvriers et des intrigues du fougueux prédicateur de la Cathédrale, Balthazar Hubmayer, la vieille communauté juive de Ratisbonne, si estimée et si considérée, fut condamnée à l’exil (février 1519).

Et le procès de Reuchlin ? Il n’avançait pas vite, mais pourtant il avançait. Prévoyant que la commission qui l’instruisait se prononcerait en faveur de Reuchlin, Hochstraten demanda à le porter devant un concile, sous prétexte qu’il ne s’agissait pas d’une affaire judiciaire, mais d’un point de doctrine chrétienne. Léon X y consentit, parce qu’il y voyait le moyen de ne mécontenter personne. Car, d’un côté, Maximilien et plusieurs princes allemands le pressaient d’acquitter enfin Reuchlin, et, de l’autre, le roi de France et le jeune Charles, alors duc de Bourgogne et plus tard empereur d’Allemagne, roi d’Espagne et souverain d’Amérique, exigeaient que le Miroir fût condamné. Le pape saisit donc avec empressement l’occasion qui s’offrait de dégager sa