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Page:Graffin - Nau - Patrologia orientalis, tome 4, fascicule 2 - Les plus anciens monuments du Christianisme.djvu/17

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LEUR DÉCOUVERTE.

nombre de siècles qui se sont écoulés depuis lors, on sera étonné non de ce qu’il nous reste si peu de ces documents primitifs, mais bien de ce que quelques-uns aient pu arriver jusqu’à nous.

Nous ne les possédons que depuis quelques années et l’histoire de leur découverte coïncide avec le développement de la papyrologie grecque. Jusqu’en 1881, il n’y avait pas beaucoup de papyrus grecs en Europe[1], 150 environ, assez intéressants pour l’histoire de l’économie publique, du droit et de la vie privée de l’époque ptolémaïque, mais personne ne soupçonnait les trésors de papyrus cachés encore sous la terre égyptienne. C’est en 1881 qu’arrivèrent en Europe des amas de fragments de papyrus brisés, trouvés par les Fellaḥs, avec d’autres antiquités, en creusant dans les décombres des anciennes villes du Faioum et de Héracléopolis-Ahnas[2] ; ces fragments, acquis par l’archiduc Rainer d’Autriche, forment une collection dont le directeur m’a confié la section grecque. De longs et minutieux travaux devaient précéder le déchiffrement des textes parce que les papyrus étaient en complet désordre, tels qu’on les avait trouvés ; souvent ils étaient encore collés les uns aux autres ; et c’est précisément en décollant un amas de papyrus datant du iiie siècle de notre ère que je rencontrai en 1884 le premier monument du christianisme égyptien écrit sur papyrus à une époque antérieure à Constantin[3].

En 1888, je publiai le grand papyrus magique de la Bibliothèque Nationale de Paris, contenant à la ligne 1227 un exorcisme au nom de Jésus-Christ[4]. Ce papyrus date de l’an 300 environ.

Le premier acte authentique de la persécution de Dèce (papyrus du musée de Berlin) fut publié par Fritz Krebs en 1893[5] ; je le fis suivre, au commencement de 1894[6], par un autre acte de la même persécution reconstitué par moi à l’aide de cinq fragments de papyrus brisé.

Durant ce temps, on avait fondé en Angleterre une société dont la branche Gréco-Romaine s’occupe avec zèle de l’exploration scientifique de l’antiquité égyptienne, l’un des plus remarquables résultats des fouilles exécutées à ses frais par MM. Grenfell et Hunt fut la découverte d’un certain nombre de très

  1. Voir l’édition académique des papyrus du Louvre et de la Bibliothèque impériale dans les Notices et Extraits, XVIII, 2.
  2. On trouvera des détails sur la trouvaille du Faioum dans ma Lettre à M. E. Revillout sur les contrats grecs du Louvre provenant du Faioum, dans la Revue égyptologique, III, p. 161 s.
  3. Un premier avis a été donné dans la Oesterreichische Monatsschrift für den Orient, 1884, p. 172.
  4. Wessely, Griechische Zauberpapyrus von Paris und London : Mémoires de l’Académie de Vienne (Denkschriften der philosophisch-historischen Klasse der Kaiserlichen Akademie) vol. XXXVI, 1888. Wessely, On the spread of jewish-christian religions ideas among the Egyptians in The Expositor, IV, p. 194 s.
  5. Sitzungsberichte der Königlich preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, XLVII, 1893, p. 1007-1014 : Ein Libellus eines Libellaticus vom Jahre 250 nach Chr. aus dem Faijûm.
  6. Wessely, Ein Libellus eines Libellaticus aus dem Faijûm (Papyrus Erzherhog Rainer) ; dans Anzeiger der philosophisch-historischen Classe vom 3 Jänner 1894, no 1 de l’Académie de Vienne.