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LA LÉGENDE D’AARON DE SAROUG

ÉCRITE PAR SON DISCIPLE PAUL


INTRODUCTION


Cette histoire est conservée à Londres dans un seul manuscrit syriaque add. 12174, fol. 90-98. Elle raconte la vocation du saint (1-7), son voyage d’Arménie à Jérusalem (8-18), la fondation de deux monastères en Arménie (19-26), son voyage d’Arménie à Constantinople (27-43), et sa mort (44-47). Elle comprend en somme deux voyages — Jérusalem et Constantinople — et le récit des prodiges accomplis en cours de route. L’incident le plus frappant et qui donne une certaine unité à cette histoire, c’est la lutte du saint avec un chef de démons. Il le trouve en Syrie, à Kéfrâ Rabâ, près de Batnan, lorsqu’il se rend à Jérusalem ; il l’expulse (14). Il le retrouve en Arménie, installé dans une caverne qu’il devait plus tard transformer en monastère ; il l’expulse encore (24). Il le retrouve à Constantinople (25, 39), où il s’offre au saint pour lui porter jusqu’à son monastère d’Arménie « tout ce que l’empereur lui donnera » (40). Le démon espère porter beaucoup d’or et d’argent et s’enfuir en cours de route avec ce butin ; mais le saint, qui l’a reconnu, demande seulement à l’empereur une grande auge « en pierre d’aimant » pour abreuver les bêtes de somme du monastère (41). Le démon se fatigue bientôt de porter cette auge, alors le saint lui propose de l’enterrer afin que personne ne la voie plus et qu’on ne puisse rapporter à l’empereur qu’Aaron a jeté en cours de route le cadeau qu’il lui avait fait. Au moment où le démon mesure la fosse, le saint retourne l’auge sur lui et l’enferme c’est ainsi qu’il parvient à s’en débarrasser (42). Depuis lors, ce démon dit à ceux qui vont et viennent : « Est-ce que Aaron de Saroug ne revient pas ? » Ils lui disent : « Non », et il se lamente en lui-même d’avoir voulu tromper le saint et il reste sous la pierre jusqu’aujourd’hui. La chronologie est en apparence très soignée. Le saint naît en 219 (48), entre au monastère en 224 (2-3), mène la vie érémitique de 234 à 264 (6-7), va en Arménie de 264-267 (8). Nous savons ensuite qu’il passe