Page:Grammont - Le Vers français, 1913.djvu/244

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II LES VOYELLES Nous arrivons à l’étude des voyelles en tant qu’elles ont une valeur propre et une signification particulière. 11 est bon de rappeler encore une fois que les phonèmes ne sont expres-

sifs qu’en puissance et n’expriment réellement quelque chose 

’Y que si l’idée qu’ils recouvrent est susceptible de mettre en 1 lumière leur pouvoir expressif. Il ne faut pas oublier non ^ plus qu’il n’y a pas d’idée simple ; toute idée est complexe et I comporte des nuances qui ne peuvent être rendues que par

l’emploi simultané ou successif de moyens d’expression 
différents. Nous essaierons d’isoler chacun d’eux et de déter-

ner sa valeur spéciale. Pour cela il est nécessaire que nous prenions pour point de départ une classification des sons reposant sur leur nature même et indépendante de toute idée préconçue. On peut les grouper avec beaucoup de précision en se fondant à la fois . sur leur point d’articulation et leur mode d’articulation. Les voyelles sont des notes variées dontle timbre et la qualité sont essentiellement déterminées par le point d’articulation. Or c’est par leur timbre et leur qualité qu’elles impressionnent diverse- ment notre oreille : les unes sont des notes aiguës, les autres des notes graves, les unes sont des notes claires, les autres desnotes sombres, les unes sont voilées, les autres éclatantes. Ces distinctions déterminées par l’impression produite sont en quelque sorte populaires ; sous l’influence de la musique elles ont pénétré dans le langage courant ; mais elles ne donnent qu’une classification vague et flottante. En classant les voyelles d’après leur point d’articulation, on se trouvera les avoir rangées du même coup conformément à l’impression qu’elles exercent sur celui qui les entend, et cette méthode,