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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/11

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LE COMPTE DES SYLLABES


Changements dans la manière de compter. — En ancien français le compte des syllabes était rigoureusement conforme à la prononciation ; mais à mesure que la prononciation a changé, la question s’est compliquée de jour en jour pour aboutir aux plus incroyables contradictions. Tantôt, en effet, on a conservé la manière de compter originaire et traditionnelle, tantôt on s’est réglé d’après la prononciation contemporaine, tantôt enfin on a adopté une troisième manière de compter qui n’est justiciable que d’analogies fausses et d’erreurs.

1. L’E DIT MUET.

Sa prononciation. — En ancien français l’e dit muet n’était jamais réellement muet ; c’était déjà une voyelle débile, mais elle se prononçait toujours. Avec le temps elle a cessé de se faire entendre à certaines places dans la prononciation courante ; on dit : je n’ sais pas, mais j’ n’en sais rien, un’ fenêtre, mais la f’nêtre ; tout dépend de sa position et de ce qui l’entoure. Or les règles des vers classiques, comme celles