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CONCLUSION


Résumé de l’évolution. — Le vers français était au début purement syllabique. Il avait un nombre déterminé de syllabes, il était suivi d’une pause qui le limitait clairement, et, en outre, quand il dépassait huit syllabes, il avait à l’intérieur, à place fixe, une autre pause qui servait à l’oreille de point de repère pour le compte des syllabes ; la dernière voyelle précédant une pause était obligatoirement tonique, et celle qui venait avant la pause finale assonait avec la voyelle correspondante d’un ou de plusieurs autres vers. Les pauses, étant très nettes, concordaient nécessairement avec des repos syntaxiques. Les syllabes obligatoirement toniques étaient fortement accentuées et relevées encore par la pause qui les suivait, si bien que toute autre syllabe tonique était sensiblement plus faible. Au surplus on remplissait l’intervalle compris entre deux pauses sans prêter la moindre attention aux syllabes toniques autres que la finale, qui pouvaient y surgir. De pareils vers étaient très monotones et dépourvus d’art.