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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/52

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parce qu’elle était fixe, les bons poètes sentirent l’importance des accents toniques situés à l’intérieur des hémistiches et n’abandonnèrent plus leur place au hasard. Si bien que petit à petit, sans que personne s’en rendit exactement compte et tout en restant un vers à deux hémistiches, l’alexandrin classique devint un vers à quatre mesures, c’est-à-dire contenant quatre éléments rythmiques, terminés chacun par un accent tonique ; le deuxième et le quatrième accents toniques sont fixes sur la sixième et la douzième syllabes, et les deux autres sont variables dans l’intérieur d’un même hémistiche.

Où finissent les mesures. — Les mesures se terminent toutes avec la syllabe tonique, et quand un mot possède après sa syllabe tonique une syllabe atone, cette dernière appartient à la mesure suivante :

Je ne vous pre|sse point, | Mada|me, de nous suivre ;
En de plus chè|res mains | ma retrai|te vous livre.

(Racine, Iphigénie)

Quand la syllabe atone est à la fin du vers elle est en dehors de toute mesure, comme l’était avant le xvie siècle la syllabe atone qui apparaissait parfois à la fin du premier hémistiche. Une mesure peut donc finir dans l’intérieur d’un mot ; mais on ne doit jamais pour cela, dans la lecture, s’arrêter au milieu du mot.

Telle est la structure de notre alexandrin dans les chefs-d’œuvre de nos grands poètes classiques, c’est-à-dire à partir du premiers tiers du xviie siècle.

Les éléments de l’alexandrin. — Il y a donc dans le vers classique certains éléments fixes et immuables, certains éléments susceptibles de variété. La coupe