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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/96

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ment, d’arrêt, d’hésitation, d’ânonnement, de bégaiement, de heurt qu’ils produisent :

La nuée éclate !

(Hugo, Le Feu du Ciel)

À ces mots on cria haro sur le baudet.

(La Fontaine, Fables)

Puis malgré quelques heurts et quelques mauvais pas.

(id., ibid.)

Et bondis à travers la haletante orgie.

(Heredia, Artémis)

La balance inclinant son bassin incertain.

(Lamartine, L’Infini dans les Cieux)

L’ENJAMBEMENT.

L’enjambement et la prononciation. — L’enjambement constitue une discordance entre la syntaxe et le rythme : un élément syntaxique dépasse l’élément rythmique dans lequel il est contenu pour la plus grande partie. La portion de l’élément syntaxique qui est rejetée dans un autre élément rythmique est mise en un relief extraordinaire. Elle le doit au contraste que les vers à enjambement font avec les autres, dans lesquels le rythme et la syntaxe sont continuellement d’accord ; elle le doit non moins aux particularités que le débit de ces vers impose à la voix. Ce n’est pas que l’enjambement, comme certains l’ont dit, supprime la pause de la fin du vers, ni qu’il supprime ou même affaiblisse le dernier accent rythmique du vers ; loin de là, la pause finale du vers qui enjambe est aussi nette et aussi longue que celle des autres, et son dernier accent rythmique est aussi fort. Tout se réduit à ceci : tandis que dans