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— Oh ! oh ! ah ! ah !… etc…

Par malheur des bottes éperonnées martelèrent brusquement les planches du couloir. Caramel frémit ; au son, à l’intuition, il reconnut un pas d’officier.

La croupe frissonnante, le jarret agile, il fila vers la cloison d’en face, et du nez appuya sur un huis qui s’ouvrit.

La Providence qui veille spécialement sur les paillards du 99è dragon, voulut que la pièce où entra le cavalier de deuxième classe Caramel fut vide comme un cerveau d’académicien.

Alors, derrière la porte, narquois et rassuré, il écouta. Une voix fort reconnaissable, tonitruait :

— Couleuvrine ! Couleuvrine !

Dans le creux de ses sabots, pour ne pas faire de bruit, le dragon rigola :

— C’ t’encore c’salaud là… qui… !

Il recommença à écouter et entendit le margis s’éloigner en compagnie du colonel. Pourtant, il n’osa sortir encore, sa logique lui assurant que derrière le colonel devaient venir les dames parfumées.

En cela il se trompait, celles-ci étaient redescendues par un autre escalier ; mais ce détail, il aurait fallu pour le deviner, le don de seconde vue que Caramel ne possédait pas au plus infime degré.