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Caramel trouva donc le copain moins saoul et l’achetant d’un pot de vin honteux, lui confia l’écurie, les chevaux et le crottin. L’âme sereine, il s’en fut se mettre en tenue.

La garde qui veille à la porte du quartier est sujette à erreur ; Caramel passa inaperçu et gaillard. La démarche assurée, le cerveau plein d’idées joyeuses, il s’en alla par les rues. Mais il répétait tenace et convaincu :

— Y a pas d’bon Dieu, faut que j’mange quéquechose qui dégraisse la gueule.

Et il râpait une langue pâteuse contre ses dents acérées.

Encore une fois la lumière d’en haut vint l’éclairer. Soudain il pensa à Victorine, la femme de chambre de la comtesse de Presfez. Victorine était une payse, sans nul doute.

Le ceinturon tendu, le calot batailleur, il sonna à la porte de service de la seigneuriale demeure. Victorine vint ouvrir et candide lui sauta au cou.

— Mon Caramel, mon chéri !

Il la repoussa, les bagatelles sentimentales ne pouvaient avoir d’influence sur son cœur, quand son estomac réclamait la pâture. Cela, il l’expliqua en termes congrus et Victorine comprit, parce qu’elle était pleine d’amour.

Justement il y avait un dîner somptueux chez la comtesse, Caramel en partagea donc