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LE CARACTÈRE DE WAGNER.

arts modernes eomme des arts de luxe affaiblis par un isolement exclusif, déshonorés par le « métier », comme des arts « corrupteurs » alors qu’ils devraient être « éducateurs » ; c’est un disciple de la nature ayant échappé aux influences du milieu, à ce que les Allemands appellent « l’éducation d’état », qui s’élève contre l’inertie générale, contre les formes décrépites de l’habitude et de la mode.

Enfin Wagner est un Germain, représentant toujours vivace des idées qui, depuis trois siècles, ne cessent de hanter les cerveaux d’outre-Rhin ; qui, avec une persistance vraiment singulière, se réincarnent toujours en un Franzosenfresser quelconque. Oui, depuis trois siècles, les mêmes attaques, les mêmes accès de gallophobie se reproduisent ainsi, à date fixe, sous la même forme. Lisez Wagner ou les pamphlétaires du xviie siècle ; chez celui-ci comme chez celui-là les reproches sont identiques. À les entendre, la société française est une société en décomposition, frappée d’épuisement, ignorant le naturel, ne vivant que dune façon factice, n’ayant pas encore pu se débarrasser de la pompe et de l’étiquette du Grand Roi, cachant sous ce fard mensonger ses rides et ses crevasses.

Une Capitulation au sujet de laquelle tant de papier a été noirci, dont il a été donné tant de traductions souventes fois faussées sous prétexte de patriotisme[1], n’est

  1. Une traduction vendue dans les rues, sous forme de placard, lors de la représentation du Lohengrin, en septembre 1891, pousse la plaisanterie jusqu’à faire intervenir la Russie dans la pièce.

    On peut juger par là du degré de sincérité et d’exactitude qu’il faut accorder à pareils textes.