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AMBULANT — AME
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douanes est organisé à l’entrée des principales villes, pour fortifier et contrôler la surveillance des agents placés dans les bureaux et aux avenues des octrois.

AMBULATOIRES (Ecoles). On appelle ainsi, dans différents pays de l’Europe, des écoles qui, au lieu d’occuper un local fixe, se déplacent selon les besoins et ont lieu tour à tour sur différents points d’une même circonscription scolaire afin de mettre l’enseignement autant que possible à la portée de tous, dans une population trop clairsemée et disséminée sur de grands espaces. En France, il n’y a plus rien de tel : mais l’école ambulatoire a longtemps existé dans nos pays de montagnes, de landes et de bruyères. Elle subsiste en Corse, là la population se déplace en de certaines saisons. En Espagne, dans les régions les chemins sont impraticables, des maîtres d’école vont de ferme en ferme et séjournent tour à tour dans les divers petits centres de population leurs services sont réclamés. L’école ambulatoire est prévue et admise par la loi hongroise du 5 déc. 1868. Elle existe a titre d’institution en Danemark et en Norvège (loi du 16 mai 1860). En Prusse, elle tend à disparaître, mais elle a encore, çà et là, une existence de fait sous le nom de Wanderchule.

Bibl. : F. Buisson, Diction. de pédagogie, Ire partie.

AMBULI. Nom malabare d’une herbe aquatique, que Bheede (Hort. malab., X, p. Il, tab. 6) a décrite et figurée sous le nom de Manga-Nari. Cette plante, nommée par Lamarck (Dict… 128) Ambulia aromatica, est rapportée maintenant au genre Limnophila R. Br., de la famille des Scrofulariacées, tribu des Gratiolécs. Toutes ses parties, principalement les feuilles et les fleurs, exhalent une odeur suave. Elle est très estimée dans l’Inde comme aromatique et excitante : sa décoction, d’une saveur très amer est considérée comme un excellent fébrifuge.

Ed. Lef.

AMBURBIUM (ou Amburbiale sacrum). Procession expiatoire analogue aux ambarvales et à l’ambilustre, destinée à purifier la ville proprement dite, l’urbs, dont le cortège faisait le tour avec les victimes désignées par le rituel, un porc, un bélier et un taureau. Cette cérémonie, solennelle entre toutes, n’était point annuelle et n’avait point de place fixe dans le calendrier. On la célébrait à titre extraordinaire, toutes les fois que des fléaux et des prodiges faisaient sentir le besoin de conjurer la colère des dieux. Lucain, au premier livre de la Pharsale (v. 592 sqq., nous en a laissé une description qu’on a tout lieu de croire fidèle. Tous les prêtres et collèges sacerdotaux y prennent part. En tête du cortège marche le Grand-Pontife ; derrière lui, les Pontifes et Pontifes mineurs, portant la toge retroussée à la mode de Gabies, les Vestales, les Quindécemvirs et les Galles, les Augures, les Septemvirs Epulons, les confrères Titiens » et les Saliens, enfin les Flamines. On cite encore une cérémonie de ce genre sous le règne d’Aurélien, bien qu’elle soit devenue assez rare sous l’Empire.

AMBUTRIX. Com. du dép. de l’Ain, arr. de Belley, cant. de Lagnieu : 280 hab.

AMDO ou AMDOA. Nom donné quelquefois au Tibet oriental, reproduction peu fidèle du composé tibétain Rhams-mdo. — Dans sa description du Tibet, ou il avait passé de longues années dans la première moitié du xviiee siècle siècle, le capucin Orazio de la Penna, parlant du Tibet oriental, distingue le Kbam divisé en douze provinces (dont il ne cite que huit) et Amdoa divisé en un grand nombre de provinces dont il cite quatorze, disant qu’il y en a davantage, mais avouant qu’il manque de renseignements exacts et complets. Il prétend que, de son temps, c’était le Amdoa qui fournissait au Tibet ses laines les plus estimées et ses docteurs les plus savants. Amdo désigne la région du lac Koukou-nùr au N.-E. du Tibet ; nous retrouverons ce terme au mot Mutins dans la description du Tibet oriental. L. Feer.

Bibl. : Brece notizia del regno del Thibet dal fra Fran-


cesco Orazio délia Penna di Billi, 1730, publié par Klanroth dans Nouveau Journal asiatique, Paris, 1835, (p. 21) ; — traduit par Markham, dans Narratives of the mission of George Bogie, etc. : Londres 1876 p.313.

ÂME. I. Philosophie. — On entend par ce mot ce qui, en nous, sent, pense et veut. À cette simple affirmation se réduit tout ce qu’on peut dire d’universellement accepté et d’incontestable. En dehors d’elle, on ne rencontre que des hypothèses, dont aucune, depuis que la philosophie existe, n’a réussi à s’imposer victorieusement et à se faire accepter à titre de vérité scientifique. Ce sujet, en effet, est l’un des trois ou quatre problèmes fondamentaux qui constituent la métaphysique, c.-à-d. cet ensemble de questions que l’esprit humain ne peut ni abandonner ni résoudre. Il ne peut donc être traité ici que sous la forme historique. À cet égard, la matière est exubérante, car l’histoire des théories sur l’âme n’est guère moins que celle de la philosophie tout entière. Les exposer en détail serait un travail fastidieux, parce qu’il obligerait à des redites perpétuelles ; inutile, parce qu’elles trouveront leur place dans le cours de cet ouvrage, au nom des principaux philosophes. Les hypothèses faites sur ce sujet sont en définitive peu nombreuses, quand on les dégage des particularités propres à chaque penseur : ce sont elles que nous allons passer brièvement en revue. — Mais avant l’éveil de la spéculation philosophique et la naissance des théories savamment élaborées, l’homme primitif dans presque tous les pays et tous les temps, par l’effet de son imagination ou d’une réflexion toute spontanée, s’est fait quelque idée plus ou moins grossière de l’âme et a eu un terme pour la désigner. Chez le vivant, elle est presque partout identifiée avec le souffle, la respiration et considérée par conséquent comme le principe de la vie. Le sanscrit âtman, le grec psychë, le latin animus n’ont pas d’autre signification étymologique. Dans l’Iliade (en particulier IX, 108) on voit, à la mort, l’âme sortir de « l’enclos des dents ». Elle a été identifiée par d’autres peuples à la chaleur vitale et logée dans le cœur ou dans le sang : ce qui est une autre manière d’en faire un principe de vie. Après la mort, la conception est autre. Comme l’ont montré les ethnologistes contemporains, l’âme du mort est considérée comme son double, c.-à-d. un second exemplaire de lui-même adapté à ses nouvelles conditions d’existence. Cette idée très répandue de nos jours chez les peuples demi-sauvages a existé dans l’antiquité. On en a des preuves pour l’Égypte. Dans Homère, l’âme des morts appelée « ombre », « image » (eidôlon), se repait du sang des victimes et y puise un regain de vie. La plupart des auteurs qui ont étudié ce sujet en détail pensent que cette conception est née des rêves auxquels l’homme primitif attribue toujours une origine surnaturelle et qui semblaient lui montrer ses défunts sous une forme visible et venant d’un autre monde. On trouvera une grande abondance de documents sur ce point dans les livres de Taylor, Herbert Spencer (Sociologie, t. Ier), et dans l’ouvrage très indigeste que Bastian a consacré à l’évolution de l’idée de l’âme dans l’ethnographie (Beiträge sur vergleichenden Psychologie : die Seele und ihre Erscheinungsweisen in der Ethnographie ; Berlin, Dümmler, 1868). Si nous rappelons à grands traits ces imaginations bien grossières, c’est qu’elles ont nécessairement servi de point de départ aux spéculations philosophiques. La réflexion des premiers sages n’a pu s’exercer d’abord que sur cette matière première qui leur était fournie par les croyances populaires. Quelque épuration qu’elles aient subie dans le cours des siècles, il serait curieux de déterminer ce qui en est resté, même dans les doctrines les plus raffinées : mais c’est un travail qui, à notre connaissance, n’a jamais été fait. — Les hypothèses métaphysiques, parvenues à la pleine conscience d’elles-mêmes et telles qu’on les rencontre dans l’histoire, peuvent se réduire à quatre : 1o L’âme est conçue comme une substance ou essence, indépendante du corps (spiritualisme ou dualisme) ; 2o C’est une simple fonction de l’organisme, n’ayant pas d’existence propre par


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