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SAÔNE-ET-LOIRE

du Centre, entre le versant de la Saune par la Dheune et celui de la Loire par la Bourbince et l’Arroux, dans la région puissamment carbonifère où Montchanin, Montceau, Blanzy, le Greusot, Epinac exploitent fiévreusement la houille. Au-dessus de cette région permienne avec sa longue, étroite bande houillère orientée au N.-E., à peu près dans le même sens que Bourbince et Dheune, à l’O. de l’Arroux supérieur (la Bourbince est un feudataire de l’Arroux), d’Autun aux limites du département, on est dans la région morvandelle.

Le Morvan ou Morvand est une contrée essentiellement gneissique et granitique très importante en ce qu’elle atinv beaucoup les pluies et qu’elle est comme un château d’eau pour l’Yonne, grand affluent, sinon maîtresse brandie de la Seine, et l’Arroux, tributaire de la Loire. Ce « prolongement, en forme d’éperon, du massif central de la France », cette contrée d’environ 2.700 kil. q. n’a que peu de son étendue dans la Saône-et-Loire (elle s’étend par ailleurs sur les territoires de l’Yonne, de la Nièvre, de la Côte-d’Or), mais c’est le dép. de Màcon qui possède la protubérance la plus haute de tout le massif, le Bois du Boi (902 m.), dit aussi forêt de Saint-Prix et Haut-Folin : c’est un piton boisé ayant à son sommet un poste météorologique et pluviométrique, lieu culminant, non seulement du Morvan, mais aussi de la Saône-et-Loire. Le Beuvray (810 m.), qui porta l’antique Bibracte, divise sa cime entre Saùne-et-Loiro et Nièvre. Les caractéristiques du Morvan sont celles des régions de même nature géologique en climat pluvieux : des forêts : chênes, hêtres, ormes, châtaigniers, tilleuls ; des pâturages, des étangs sans nombre ; des rivières sinueuses ; peu de profonde et bonne terre végétale. 0. Reclus. Géologie. — Généralités. — Au premier abord, la géologie du dép. de Saône-et-Loire parait très complexe. Le relief est éminemment variable, l’hydrographie semble confuse, quelque peu incohérente ; les nombreuses dislocations qui intéressent une grande partie des formations géologiques achèvent de jeter l’esprit dans le désarroi. Les patientes études des géologues ont permis de reconstituer l’histoire de ce pays qui porte la trace de presque tous les mouvements subis par la croûte terrestre depuis les temps les plus reculés. C’est pour cette raison que les formations qui le constituent ont une allure si tourmentée.

La moitié occidentale du département se rattache au Morvan d’une part et de l’autre au Massif central, par la région éruptive du Roannais. Cette partie, formée par le terrain primitif, est percée de roches éruptives variées, et plissées ainsi que nous le verrons plus loin. C’est dans ces plis que sont logés les bassins houillers et permiens de Blanzy, du Creusot, d’Epinac, etc. Une partie de la région primaire est entourée par’.le jurassique (Charolais, maçonnais), brisé de failles. A l’E. de ces collines jurassiques s’étend la plaine de la Loire ; à l’O. de celles du Maçonnais, la vaste plaine tertiaire de la Bresse (plus de 50 kil. de large) dans laquelle coule la Saône et qui se termine aux premiers contreforts du Jura. Le département échancreun coin des montagnes jurassiennes vers Cuiseaux. Tectonique. — • L’étude des plissements et des dislocations de la région qui se rattache au Massif central permettra de mieux comprendre la distribution des diverses formations géologiques. Les mouvements importants qui se produisirent à la fin du silurien amenèrent la mer dévonienne dans ce qui constitue aujourd’hui le bassin de la Loire. Des lambeaux de dévonien se trouvent à Diou et à Gilly. Au début du cnlm des soulèvements amènent la sortie de nombreuses roches éruptives et l’édification de véritables volcans. A l’époque carbonifère, le sol du Massif central fut soumis à des plissements intenses. Ces plissements qui eurent lieu entre le hoùiller inférieur et le hoùiller supérieur se traduisirent par la formation d’une série de plis d’une telle ampleur qu’ils ont influé et influent encore aujourd’hui d’une façon remarquable sur le relief du sol. La simple vue d’une carte géologique laisse voir, en effet, les régions autunoise, mâconnaise et charolaise traversées par des bandes régulières, de direction générale N.-O.-S.-O. Ces bandes sont d’anciennes vallées, d’anciens synclinaux de l’époque carbonifère, dans lesquels se déposa la houille durant le hoùiller et le permien. Ces anciens plissements hercyniens, qui jouent un si grand rôle dans la topographie du massif ancien du département, comprennent :

1° Le synclinal paldoxaïque du Beaujolais, dont l’axe longe la partie occidentale du Maçonnais. Il comprend une série de lambeaux granitiques et des portions considérables de coulées de porphyres, d’orthophyres, jadis continues, en relation avec des tufs orthophyriques. Cette région de roches variées est flanquée à l’E. par les Collines jurassiques du Maçonnais. Les coulées de porphyres se rattachent aux vastes épanchements éruptifs qui couvrent une grande étendue du N. du dép. du Rhône (V. Rhône).

"2° L’anticlinal granitique du Charolais, semé de bosses et de filons granulitiques, qui s’enfonce comme un coin entre les collines calcaires, s’étendant vers Cluny et Ghagny à l’E. et les collines jurassiques charolaises à l’O. Cet anticlinal est jalonné par une bande gneissique pénétrée de filons de granulitede même direction N.-E.-S.-O. et limitée à son tour par une longue traînée granulitique. La bande gneissique s’étend jusqu’au delà de Chàtel-Moron et les bosses granitiques jusqu’à Mont-Saint- Vincent. 3° Le synclinal hoùiller de Blanzy et du Creusot qui a dû être une des vallées les plus considérables de l’époque houillère et qui, aujourd’hui encore, constitue une grande dépression suivie par le canal du Centre, véritable col reliant la Saône et la Loire et jalonnée par les concessions houillères de Blanzy, de Montchanin, de Farcches et du Creusot. Cette dépression, de 80 kil. de long, encadrée de roches granitiques au N. et granulitiques au S., est en grande partie effondrée le long des failles N.-E.-S.-O. et détache le Morvan du reste du Massif central.

4° L’anticlinal granitique de Luzy, formé d’une vaste région granitique au S.-O. (Issy-l’Evêque) et d’énormes bosses granulitiques au N.-E. (au S. d’Autun). 5° Contre cet anticlinal s’applique au N. le bassin hoùiller et permien d’Autun et d’Epinac, limité à son tour par le (6°) synclinal paléozoïque du haut Morvan comprenant de grandes coulées d’orthophyres, de porphyrites des bosses granulitiques. Le synclinal qui forme la partie la plus septentrionale du département s’étend entre Lucenay et La Celle.

A la fin du permien, les montagnes qui s’étaient formées et avaient peut-être la hauteur du mont Blanc, étaient en grande partie arasées et avaient comblé de leurs débris les synclinaux situés à leur pied. Entre le permien et le trias, la région continuant à se plisser, une discordance s’établit entre ces formations et il se produisit de grandes failles de direction N.-E. et N.-O. Ce sont ces failles qui, durant le trias, donnèrent passage à des émissions hydrominicales extrêmement abondantes et à la formation d’innombrables filons de quartz, constituant à eux seuls un trait caractéristique du paysage. Durant cette dernière période géologique étaient sorties un grand nombre de roches porphyriques ou porphyritiques formant d’assez fortes assises au S.-O. du département. L’érosion et surtout l’affaissement permirent à la région ainsi constituée d’être recouverte en grande partie parles mers secondaires, ainsi qu’en témoignent les traces de rivage et les nombreux lambeaux de jurassique que l’on observe dans tout le Beaujolais. Divers autres mouvements modifièrent encore assez profondément le relief de tout le pays, mais il faut arriver au soulèvement des Alpes pour trouver la trace manifeste de grandes dislocations. Les poussées latérales des Alpes et du Jura déterminèrent surtout dans les régions du Beaujolais, du Charo-