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tlion et Saint-Just attendent leur sort ; Collinhal traite Hanriot de lâche, le violente, et s’enfuit. Le lendemain, le tribunal révolutionnaire, après avoir simplement constaté l’identité des « conjurés » qui avaient survécu, mutilés ou non, les envoyait à l’échafaud au nombre de vingt-deux (Pour le détail, voir les noms des principaux personnages). Bientôt 82 « robespierristes », pour la plupart membres de la Commune, eurent le même sort. La victoire de la Convention s’explique : elle n’était plus, comme au 2 juin 1793, divisée et incertaine en présence d’un parti compact et populaire. « Tous les partis étaient unis par la défaite, le malheur, la proscription toujours menaçante, et devaient s’associer en cas de combat. Le 9 thermidor fut la première journée de la Révolution ou ceux qui attaquaient succombèrent » (Mignet). La Commune fut supprimée. La réaction « thermidorienne » commença, non sans éveiller les espérances royalistes, non sans susciter de nouvelles et impuissantes tentatives jacobines : elle aboutit à la Constitution de l’an III. H. Monin.

Biul. : Histoires générâtes de la Révolution (Mignet, Tiiilrs. Michelet, Louis Blanc) ; biographies de Robespierre, Couthon, Saint-Just. Tnllien. Barère (Vices noms ; mémoires particuliers (surtout ceux de Barras). — Maurice Tourneux, Bibliographie de l’histoire de Paris pendant la Révolution ; Paris, 1890, in-4, pp. 388 à 394, n" 4265 à 4309. — Comptes rendus de la séance dans le Moniteur (non officiel), le Journal des Débats et des Décrets, le Républicain français. — Ch. d’Héricault, la Révolution de Thermidor, ouvrage couronné par l’Académie française ; 2* éd. revue et corrigée ; Paris, 1878, in-12. — E. Hamel. Thermidor, d’après les sources originales et les documents authentiques ; Paris, 1891, in-16. —.1. Reinach. Discours à la Chambre des députés, sur l’interdiction de « Thermidor », pièce de V. Sardou, dans Journal officiel du 29 janv. 1891. — Ludovic Sciout, le Directoire, les Thermidoriens ; Paris, 1895, in-18. — A. Aulard, Paris pendant la réaction thermidorienne ; t. I (du

10 thermidor an 11 au 21 prairial an III) ; Paris, 1898, in-8.

— Marc Bonnefoy, les Suites du 9 thermidor ; terreurs blanches, 1195, 18Î5 ; Paris, 1892, in-18. — A. Aulard, Histoire politique de la Révolution française… ; Paris, 1901, gr. in-8, ch. VIII, IX et X, pp. 387-498. —Voir Convention, Révolution française et les noms des personnages.

THERMIDORIENS (Hist.) (V. Thermidob).

THERMOBAROMÈTRE (Phys.)(V. Barothermomètre).

THERMOCAUTÈRE (Chir.) (V. Cautère).

THERMOCHIMIE. La chaleur dégagée dans une action chimique quelconque mesure la somme des travaux qu’il serait nécessaire d’accomplir pour ramener les produits de leur réaction à leur état initial ; cette somme joue un rôle capital dans l’évaluation des affinités chimiques et dans celles des forces électro-motrices mises en jeu pour les électrolyses. On trouvera le détail des méthodes et des principes de la thermochimie proprement dite, dus essentiellement aux travaux de Berthelot, à l’article Calorimétrie (Chimie), t. VIII, p. 977.

THERMOCROSE (Plrys.). La thermocrose correspond en chaleur à ce que l’on appelle les couleurs en optique. Tandis que les diverses sensations que la lumière fait éprouver à notre œil nous permettent de distinguer les diverses radiations jaunes, bleues, rouges, il n’en est plus de même pour la chaleur, et cependant il existe des radiations calorifiques de diverses qualités, caries divers corps diathermanes absorbent certaines de ces radiations et non les autres, de même que les corps transparents pour le rouge (verre rouge) absorbent le bleu par exemple. Ainsi le sel gemme laisse passer indifféremment toutes les radiations calorifiques ; il correspond donc aux corps incolores. Le verre ordinaire, au contraire, est transparent pour les rayons calorifiques provenant des corps chauffés au voisinage du rouge sombre, tandis qu’il arrête absolument les radiations émises par un corps à 100° ; l’alun, bien que transparent pour la lumière, arrête la majeure partie des rayons calorifiques, sauf ceux qui proviennent de corps à haute température. Cette propriété du verre est l’objet depuis longtemps d’applications journalières: c’est grâce à elle que le verre des serres et des cloches

à melon laisse pénétrer la chaleur qui vient du soleil, parce qu’elle émane d’un corps à haute température, tandis qu’il arrête les rayons qu’émet la plante et le sol ainsi échauffés.

On désigne sous le nom de thermochroïques les corps qui, comme le sel gemme, sont transparents pour la chaleur; les autres sont dits athermochroïques. Un corps transparent peut être athermochroïque, comme nous venons de le voir pour l’alun, et réciproquement un corps opaque, comme une solution d’iode dans le sulfure de carbone, peut être, au contraire, thermochroïque. A. Joaknis.

THERMODYNAMIQUE (Phys.). La thermodynamique est la branche de la physique qui s’occupe des relations existant entre le travail mécanique, d’une part, et entre les quantités de chaleur et les températures, d’autre part. Les savants contemporains sont d’accord pour la regarder comme fondée sur deux principes:1° le principe de l’équivalence de la chaleur et du travail dont la forme la plus générale est le principe de la conservation de l’énergie (V. Energie); « 2 » le principe de Carnot, que l’on appelle quelquefois principe de la dégradation de l’énergie ou encore principe de la dissipation de l’entropie. On admet que ces deux principes sont fondés sur l’expérience, et n’ont pas besoin de démonstration théorique, ce qui distingue la thermodynamique de la théorie mécanique de la chaleur, qui, partant de l’hypothèse que la chaleur résulte du mouvement des particules des corps, en déduit des conséquences identiques sur bien des points à celles de la thermodynamique. Il existe donc un certain contraste entre le point de départ et le mode de raisonnement de ces deux parties voisines de la science.

Ce qui caractérise le raisonnement thermodynamique, c’est de faire abstraction du mécanisme même des phénomènes et de ne pas s’occuper de la nature des corps soumis à ses lois. Une fois les deux principes fondamentaux admis, aucune hypothèse n’est plus nécessaire:les conclusions obtenues ont donc un haut cachet de certitude. Les théories mécaniques ou cinétiques, au contraire, sont obligées, pour pénétrer dans le détail des phénomènes, de faire des hypothèses plus ou moins hasardeuses, ce qui rend leurs déductions sujettes à caution ; mais par cela même qu’elles offrent à l’esprit des représentations matérielles des phénomènes moléculaires, elles ont souvent suggéré des idées et des projets d’expériences très féconds pour le développement de la science.

C’est ainsi que pendant longtemps les physiciens, partisans des raisonnements thermodynamiques purs ont pris, comme point de départ des applications physiques, les propriétés des gaz parfaits qui ont le grave inconvénient de ne pas exister; tandis qu’il a été réservé aux représentants des hypothèses cinétiques d’établir les théories des fluides véritables, la continuité des états liquide et gazeux, les propriétés du point critique, la notion des états correspondants, etc. Aujourd’hui même, les premiers continuent à raisonner dans l’hypothèse de l’invariabilité des chaleurs spécifiques des corps que l’expérience a démontrée inexacte même pour les corps gazeux. Le fait que la thernwdynamiiiue ne donne des lois que pour les cas d’équilibre (ce qui fait, comme le remarque Van der Waals, qu’il serait plus exact de la nommer thermostatique), en rend l’application impossible à toute une catégorie de phénomènes fort importants. On s’est demandé parfois si le contraste qui apparaît entre ces deux points de vue n’est pas de nature essentielle. Le premier principe de la thermodynamique se concilie— très facilement avec les explications mécaniques (V. Energie). Tous les efforts de Clausius, au contraire, n’ont pu arriver à une interprétation mécanique du second que dans des cas particuliers et avec une série de conditions restrictives. C’est qu’en effet d’après ce principe on ne peut produire de travail extérieur aux dépens de la chaleur contenue dans un corps quand la température y est uniforme. Or, si la chaleur consistait en mouvements moléculaires, on pourrait concevoir, comme l’a fait remarquer Maxwell (Theory of Heat), qu’on empruntât