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SULPICE — SULPICIUS

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SULPICE (Saint), 29 e archevêque de Bourges, né à Vatan, dans le diocèse, en la dernière partie du vi° siècle, mort en 644. Fête, le 17 janv. Il avait été ordonné par saint Austregisilus ; il était archidiacre, lorsque Clotaire II, devenu seul roi des Francs, le nomma son aumônier, abbas castrensis (613). Sulpice tint cet office jusqu’à ce qu’il fût promu au siège de Bourges (624). Il assista au concile de Reims, en une année diversement rapportée entre 625 et 630. Trois ans avant sa mort, affaibli parla maladie ou par la fatigue, il délégua une partie de ses fonctions à Vulfoldus, qui fut son successeur. II mourut dans un monastère du voisinage, fondé par lui, et qui reçut son nom. Outre les miracles ordinaires, la légende de ce saint relate des travaux pour la conversion des juifs. Il reste de lui trois lettres peu intéressantes, qui ont été reproduites dans la Patrologia latina (LXXX, 591-4). Une église paroissiale de Paris lui a été dédiée. E.-H. V.

Prêtres de Saint-Sulpice (V. Sulpiciens). Bibl. : Mabillon, Actasanctorum ordinis sancli Benedicli. — Bollandistes. Acta Sanctorum ; janvier. _ Histoire littéraire delà France, III, p. 578. SULPICE Sévère (Sulpicius Severus) vécut en Aquitaine de 363 à 425 environ. Après avoir reçu une excellente éducation, il était entré au barreau où il jouissait d’une grande réputation comme avocat et juriste, et il semblait promis aux plus hautes fonctions publiques. A la mort de sa jeune femme, qu’il chérissait, il quitta le monde, sur le conseil de saint Martin. Il avait composé : 1° Des Lettres à sa sœur sur l’amour de Dieu et le mépris du monde : elles sont perdues. 2° Une Chronique en deux livres (Chronica), depuis le commencement du monde jusqu’au consulat de Stilicon : il l’écrivit de 400 à 403. 11 s’y propose d’être un historien consciencieux et précis, mais clair, intéressant et « lisible ». Aussi a-t-il puisé aux meilleures sources ; en même temps il ne fait pas fi des qualités littéraires : il semble vouloir rivaliser avec Tacite et surtout avec Salluste.Il a au moins, comme eux, le mérite d’être concis et de ne pas se laisser entraîner à des digressions inutiles. 3° Une vie de saint Martin ( Vita Martini), écrite simplement, mais non sans art. 4° Trois lettres : ad Eusebium, ad Aurelium diaconum, ad Bassulam, sur la mort de saint Martin. 5° Deux Dialogues assez habilement imités de Cicéron, dont les interlocuteurs sont trois moines : Celsus, admirateur de Saint Martin ; Posthumianus, qui célèbre la gloire et les miracles des anachorètes de l’Orient ; enfin Sulpice Sévère lui-même. Tous ces ouvrages ont, comme qualités communes, une langue élégante et pure, — un style qui, sans être exempt de toute affectation, unit à la précision la clarté, le pittoresque et le relief ; — enfin, surtout dans les Dialogues, une verve railleuse qui s’exerce parfois même contre les moines, mais qui sait s’arrêter avant de blesser. Ces mérites, bien français, n’ont pas nui à la popularité de l’auteur, que citent souvent saint Jérôme et saint Paulin de Nôle, et qui était lu, non seulement en Gaule et en Italie, mais jusqu’en Egypte et à Carthage. Bibl. : Manuscrits : pour les Chronica, nous n’avons qu’un manuscrit (Palatinus), du xi" siècle ; pour les autres ouvrages, le meilleur est un manuscrit de Vérone, du vi« siècle. — Editions : princeps des Chronica, 1556 ; Patrologie, t. XX ; Halm, 1866. — Consulter : Boissier, la Fin du Paganisme, II, 53-5’J (Saint Martin d’après Sulpice Sévère). — Gœlzer, Grammalicx in Sulpicium Severum observationes, 1884 (thèse).

SU L PI Cl A. Ce nom a été porté en latin par deux poétesses. La première a composé un certain nombre d’élégies qui figurent au livre IV des Poésies de Tibulle, à partir de la pièce 8, peut-être de la pièce 7. C’était une jeune Romaine illustre, vraisemblablement la fille de Ser. Sulpicius Rufus, fils du jurisconsulte, et la nièce de Messala Corvinus : dans tous les cas, comme Lygdamus, elle appartient au cercle littéraire de Messala. Dans des vers un peu rudes et d’un style souvent obscur, mais pleins de grâce et de passion, que Tibulle a peut-être retouchés, elle chante son amour contrarié par sa mère, pour un certain Cerinthus, sans doute d’humble condition (V. Larroumet, De quarto Tibulli libro ; Paris, 1882, thèse). — Aune deuxième Sulpicia, femme du philosophe Calenus, on attribue des poésies erotiques, qui sont perdues, et une satire contre Domitien, qui, selon toute apparence, est d’un débutant, qui écrivait à l’époque d’Ausone. H. B.

SULPICIENS ou PRÊTRES de Saint-Sulpice (Hist. relig.). Société de prêtres séculiers, dont la formation fut commencée, en 1641, par Jean-Jacques Olier (V. ce nom). L’état de ces prèlres est libre. Ils ne font aucun vœu, ni simple, ni solennel ; ils ne sont liés entre eux que par le zèle pour l’objet de leur institut, lequel est « de préparer les jeunes clercs aux ordres et fonctions ecclésiastiques ». Leur œuvre se fait dans les séminaires et surtout dans les grands séminaires. Maison mère, à Paris, au séminaire de Saint-Sulpice, où réside le supérieur général ; procure générale, à Rome. — Dans le diocèse de Paris, les Sulpiciens dirigeaient en 1899 le grand séminaire de Saint-Sulpice, le séminaire deV Institut catholique, une annexe, rue Saint-Jacques, le séminaire et maison de retraite d’Issy ; dans l’ensemble des diocèses de la France, 24 grands séminaires, où ils ont été appelés par les évêques. Ils y emploient environ 210 membres. Toutes leurs maisons sont autorisées.

— Hors de France, le principal établissement de la Société est celui de Montréal (Canada), ville à la fondation de laquelle Olier a grandement contribué, et où les prêtres de Saint-Sulpice dirigent encore trois grandes paroisses, un petit et un grand séminaire. Le séminaire canadien de Rome est issu du séminaire de Montréal. Aux Etats-Unis : le grand séminaire de Baltimore, fondé par Emery en 1791 , et, dans le même diocèse, le petit séminaire de Saint-Charles (1848) ; le séminaire universitaire de Washington (1889) ; les séminaires de Boston (1884), de New York (1896), de San Francisco (1900). — Les Sulpiciens considèrent comme un second fondateur de leur société Jacques-André Emery (V. ce nom), qui la préserva d’une destruction complète, pendant la Révolution, et qui présida à la réouverture du Séminaire, à la suite du Concordat. E.-H. Vollet.

Bibl. : Simon de Dancourt, .Remarques historiques sur la paroisse de Saint-Sulpice ; Paris, 1773. — De Bretonvilliers, Mémoires sur M. Olier ; Paris, 1811,2 vol. — Vie de M. Olier, fondateur du séminaire de Saint-Sulpice, accompagnée de notices sur un grand nombre de personnages contemporains ; Paris, 1811, 2 vol. SULPICIUS. La gens Sulpicia était une gens patricienne, dont les membres jouèrent de bonne heure un rôle important dans l’histoire de Rome. Elle fournit un consul dès les premières années de la République ; au n e siècle de l’ère chrétienne, elle avait encore un grand re nom. Nous citerons parmi les Sulpieii : Ser. Sulpicius Camerinus Cornutus, qui fut consul en 500 av. J.-C. ;

— Ser. Sulpicius Camerinus Cornutus, consul en 461, envoyé en Grèce avec deux autres patriciens pour y étudier les lois des principales villes, puis décemvir en 451 ;

— Ser. Sulpicius Prœtextatus, qui fut quatre fois consul entre 376 et 368 ; — C. Sulpicius l’eticus, qui fut cinq fois consul, exerça la dictature en 358, remporta de nombreuses victoires sur les Herniques et les Etrusques, et célébra un triomphe l’année de sa dictature ; — C. Sulpicius Longus, plusieurs fois consul, censeur en 319, dictateur en 312, qui lutta victorieusement contre les Samnites et les Etrusques ; — P. Sulpicius Galba Maximus (V. Galba) ; — C. Sulpicius Gallus, qui combattit en Macédoine sous les ordres de Paul-Emile, fut consul en 166, et joua un rôle assez important dans les affaires de Grèce et d’Asie ; — P. Sulpicius Rufus, né en 124, tribun de la plèbe en 88, questeur en 93 ; légat du consul Cn.Pompeius Strabo pendant la guerre sociale (89), puis partisan de Marius, obligé de s’enfuir avec lui lorsque Sulla entra dans Rome à la tête de ces troupes, enfin massacré par ses ennemis politiques (87) ; c’était un des