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SWEDENBORG — SWEVEGHEM

humaine devant l’incompréhensible, dont on a voulu faire le centre de la religion. C’est un état de croyance basé sur l’amour, qui porte l’àme vers un sauveur accessible à sa pensée et à ses sentiments.

Swedenborg ne rompit jamais les liens extérieurs qui l’attachaient à l’Eglise luthérienne, à laquelle il appartenait par sa naissance. Tout en tenant des réunions chez lui, il resta membre de cette Eglise, conservant les deux sacrements : baptême et sainte Gène, et n’innovant en rien pour le culte et les cérémonies. Pour les termes et même, jusqu’à un certain point, pour le fond, sa doctrine pouvait s’accommoder avec les professions de foi officielles, puisqu’elle enseigne comme elles, l’inspiration de la Bible, la déchéance résultant du péché, la divinité de Jésus-Christ et l’action de Dieu sur les âmes, par le Saint-Esprit. Ce qui constitue le caractère le plus distinctif de ses conceptions, de ses révélations, c’est l’interprétation divergente donnée aux doctrines reçues, et les vues très particulières, très personnelles, ses visions sur le monde, sur les rapports de Dieu avec le monde, sur les anges, sur les bons et sur les mauvais esprits. — Quoique Swedenborg n’ait jamais fait acte de chef de sect6, il avait préditlaformation d’une Eglise nouvelle, composée de ceux qui accepteraient intérieurement ses principales doctrines En fait, il est jusqu’aujourd’hui le seul des theosophes dont l’action ait été assez puissante et assez populaire pour produire des communautés religieuses se recommandant de son nom. Dès 1647, il s’était démis de toutes ses fonctions officielles ; il se retira avec une demi-pension, refusa tous les honneurs nouveaux qui lui furent offerts, et séjourna tour à tour à Londres, ou il avait de nombreux disciples ; à Amsterdam, où il publia plusieurs écrits ; à Stockholm, où il avait des amis dévoués et puissants, parmi lesquels le duc de Sôdermanland et le prince qui devint Charles XIII. Ses qualités de cœur et d’esprit, le charme et la noblesse de sa personne, et la haute position de ses protecteurs le défendirent contre les attaques qu’une partie du clergé aurait voulu diriger contre lui. En Suède, ses disciples, tout en demeurant dans l’Eglise luthérienne, instituèrent des agrégations swedenborgiennes.En Angleterre, le succès fut plus grand encore, favorisé par l’approbation de hauts dignitaires ecclésiastiques. Les livres se vendirent par centaines de mille ; et les adhérents se comptèrent par milliers. Ils donnèrent le nom d’EcLiSE de la nouvelle Jérusalem à l’édifice spirituel formé par leur accession à la doctrine de Swedenborg. En 1788, c.-à-d. seize années après la mort du théosophe vénéré, une première chapelle fut construite à Great Eastcheap (Londres). II y en a aujourd’hui dans plus de cinquante villes, les principales du royaume, avec écoles, sociétés démissionnaires et sociétés des livres religieux. Aux Etats-Unis, soixante-dix congrégations. On en trouve aussi aux Indes, dans l’Afrique du Sud, dans le Wurttemberg, où la doctrine de Swedenborg trouva un zélateur ardent et puissant, chez Tafel, bibliothécaire de l’Université de Tubingue ;en Hollande, et même en France, où l’Eglise de la Nouvelle Jérusalem possède une chapelle à Paris, rue Thouin. Dans l’ensemble des pays oii elle est établie, elle a plus de dix journaux et plusieurs séminaires. — Traductions en français de quelques ouvrages de Swedenborg : De ccelo et inferno ex anditis et visis, par Pernety (Berlin, 1782) ; De nova Hierosolijma, par Chastenier(1784) ; Sapientia angelica de divinoamore, par Leboys des Guays (1843). Un Abrégé des ouvrages de Swedenborg a été publié par Daland de La Touche (Stockholm, 1788). E.-H. Vollk.t.

Bibl. : Tafel, Abriss des Lebens und Wirkens. E. Swedenborg’s ; Stuttgart, 1845. — Matter, Swedenborg, sa vie. sa doctrine ; Paris, 1863, in-8.

SWEELINCK (Jan Pieterszoon), célèbre organiste et compositeur hollandais, né probablement à Amsterdam en 1562, mort à Amsterdam en 1621. Sweelinck perfectionna son éducation musical ? ^ Venise avec Andréa Gabrieli et Zarlino, l’auteur des Istitutioni harmonichc, dont il fit une adaptation qui est en manuscrit à Hambourg. Nommé organiste de la Vieille-Eglise à Amsterdam, il se rendit promptement célèbre par son rare talent, et sa réputation lui attira de nombreux élèves, parmi lesquels il convient de citer l’illustre organiste allemand S. Scheidt. Outre ses pièces d’orgue, il a composé des Cantiones sacras à 5 voix (1619), plusieurs livres de psaumes et des chansons à plusieurs voix. La Société d’histoire musicale du Nord des Pays-Bas a entrepris la réédition des œuvres de ce maître, lesquelles sont d’une importance capitale pour l’histoire musicale si curieuse de cette époque. H. Q.

SWEERTIUS ou SWEERTS (Pierre-François), historien belge, né à Anvers en 1567, mort à Anvers en 1629. Possédant une fortune considérable, il se voua tout entier aux études historiques et publia un grand nombre de travaux importants sur l’antiquité et sur la Belgique du moyen âge. On les consulte encore utilement aujourd’hui parce qu’ils reproduisent beaucoup de monuments actuellement détruits et de textes dont les originaux ont disparu. Les plus considérables sont : Deorum dearumque capita ex antiquis numismatibus A. Ortelii (Anvers, 1612, in-4 ; Strasbourg, 1680, in-8, inséré au t. VII du Thésaurus antiquitatum grœcarum de Gronovius) ; Selectœ christiani orbis deliciœ, ex urbibus, templis, bibliothccis et aliunde (Cologne, 1608, in-12 ; 2 e éd., ibid., 1625) ; Monumenla sepulchralia et inscriptiones publicœ privatœque ducatus Brabantice (Anvers, 1613, in-12) ; Rerum belgicarum annales (Francfort, 1620, in-fol.) ; Athenœ belgicœ sive Nomenclator inferioris Germaniœ scriptorum (Anvers, 1628, in-fol. ).

Bibl. : Valère André, Bibliotheca belgica ; Louvain. 1624, in-4. — Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas ; Louvain, 1763-1770, 3 vol. in-fol. SWETCHINE (Anne-Sophie Soymonov, dame), femme de lettres russe, née à Moscou en 1782, morte à Paris en 1857. A dix-sept ans elle épousa le général Swetchine, plus âgé qu’elle de vingt-cinq ans ; ce mariage, fait contre son inclination, la poussa vers le mysticisme religieux ; elle quitta la religion orthodoxe russe pour se convertir au catholicisme romain et vint s’établir en France en 1816 ; elle y créa un salon très particulier, de couleur théologique, qui eut pendant quarante ans une grande influence ; à côté du salon se trouvait, avec l’autorisation de l’Eglise, une chapelle où ses habitués communiaient avec ferveur. M me Swetchine servit sans calcul et sans hypocrisie la coterie cléricale, sous l’influence de ses directeurs spirituels, les de Maistre, Montalembert et Falloux (V. ce nom), surtout de ce dernier, qui lui fit une grande réputation lit téraire et publia après sa mort, en 5 vol., un choix de ses manuscrits (qui représentaient près de 40 vol.). Ce sont : M m Swetchine, sa vie et ses œuvres (1859, 2 vol.) ; le second volume de cet ouvrage est intitulé Pensées, morceaux choisis et traités divers, et se divise en quatre parties (les Airelles, le plus aimable de ses écrits, les Pensées, le Traité de la vieillesse et le Traité de la résignation) ; Lettres de M me Swetchine (1862) ; M m, : Sivetchine, journal de sa conversion, méditai ions et prières (1863) ; Correspondance de M me Swetchine avec le P. Lacordaire (1864). Adorée comme une sainte par les fidèles de son salon pendant sa vie, M mc Swetchine a conservé une partie de sa réputation littéraire auprès du public après sa mort. Elle ne manque pas d’originalité, mais plutôt de goût et de naturel ; le charme de ses premières œuvres est bientôt gâté parla subtilité mystique qu’elle affectionne.

SWEVEGHEM. Corn, de Belgique, prov. de Flandre occidentale, arr. de Courtrai, à 49 kil. S. de Bruges, sur le canal de Bossuyt ; 5.000 hab. Exploitations agricoles, ateliers de tissage et de broderies, fabriques de coutil. brosseries. Le général français Maison battit en 1814 à