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AARON — AARON II
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de leurs théories religieuses, leur grande autorité philosophique et théologique. Si son Arbre de la vie leur tenait lieu du Guide des égards, son Livre des préceptes remplaçait le Mischné tora. Il n’a pas les hautes qualités intellectuelles et transcendantes du célèbre rabbanite qu’il avait pris pour modèle, mais il ne manque pas de qualités solides. Il connaissait très bien la philosophie arabe et avait des tendances à s’en rapprocher. On l’appelle quelquefois Ahron II pour le distinguer de son coreligionnaire Ahron ben Josef.

Bibl. : Furst, Gesch. des Karàerthums, II, p. 261. — Neubauer, Aus der Petersburger Biblioth., p. 58. — Graetz, Gesch. d. Juden, VII, 2e éd., p. 354. — Fr. Delitzsch, Ahron b. Elia’s aus Nikomedien des Karàers System der Religionsnhilosophie ; Leipzig, 1841. — Literaturblatt des Orients, 1 (1840), p. 198, 241, etc., à 488, articles de Fr. Delitzch sur les Diné schehita de l’auteur, incorpores plus tard à son Livre des Préceptes ; puis. p. 500, 533, 609, 633, notices diverses.

AARON ou AHRON HACCOHEN, de Lunel, rabbin provençal du commencement du xiv e siècle. Son nom entier est Ahron ben Jacob b. David b. lsaac Haccohen ; il descendait de savants de Narbonne. Ahron fut frappé, comme tous ses coreligionnaires, par l’expulsion des Juifs de France en 1306. « Je fus chassé, dit-il, de la position honorable que j’occupais, obligé de quitter mon pays pour l’étranger, où j’ai erré sans trêve ni repos. » Comme beaucoup de ses compatriotes et coreligionnaires, il alla s’établir dans l’ile de Majorque, où ils trouvaient un asile. Il a écrit un ouvrage de science talmudique et religieuse intitulé : Orhot Htiyyim (les Sentiers de la vie).

Bibl. : Gross, dans Monatschrift de Graetz, t. XVIII (1869), p. 433 et 531.

AARON ou AHRON HALLÉVI (ben Josef ben Benveniste), rabbin originaire du midi de la France. Il résida peut-être deux fois à Tolède, il est à Saragosse en 1285, il vient de Tolède à Barcelone en 1286 ; il fut à Montpellier en l’an 1300. Il a écrit plusieurs ouvrages de science talmudique, dont le plus important a pour titre : Bédec habbayit (réparation de la maison) et se rattache à un ouvrage du même genre de Salomon ben Adret.

Bibl. : Graetz, Gesch. d. Juden, t. VII. — Hist. littér. de la France, t. XXVII, p. 523.

AARON ou AHRON HALLÉVI, rabbin espagnol qui a vécu, sans doute dans la première moitié du xiv e siècle. Il est l’auteur d’un guide religieux et moral intitulé Sc’fer hahinnukh (Livre de l’initiation), et qui est surtout intéressant par sa forme naïve et populaire. Parmi les autorités les plus récentes qu’il cite se trouvent Moïse de Coucy, Moïse Nahmanide (mort à l’époque de la rédaction du livre), Salomon ben Adret (m. 1310), et, à ce qu’il semble, Ascher ben Jehiel (m. 1327). L’ouvrage a été écrit à Barcelone, où l’auteur semble avoir été maître d’école ou précepteur d’enfants, ce qui explique le caractère élémentaire et les qualités pédagogiques de son œuvre. Il ne faut pas le confondre avec Ahron Hallévi ben Josef. Le prénom d’Ahron que nous lui avons donné n’est pas assuré par des témoignages bien certains, nous savons seulement par lui-même qu’il s’appelait Lévi, et M. Neubauer a pu soutenir que le nom de l’auteur était Abraham ben Hassan Hallévi, d’une ville de Lanardo. L’époque à laquelle il a vécu n’est pas non plus très certaine. Les uns veulent que son livre ait été écrit avant 1310, d’autres, avec plus de vraisemblance peut-être, qu’il soit postérieur à cette époque. Isidore Loeb.

{{t|Bibl. : Rosin (D.), Ein Compondium der jûdischen Gesetteshunde aus dem merzehnten Jahrhundert ; Breslau, 1871. — Jùdische Zeitschrift, de Geiger, t. V (1867), p. 183 ; t. VII (1869), p. 276, note ; et surtout t. IX (1x71), p. 184. — Monatschrift de Graetz, t. XX (1871), p. 232 ; t. XXI (1872), p. 178 (Neubauer), et p. 184 (Rosin).

AARON ou AHRON BEN JOSEF, rabbin caraïte. Né en Crimée vers le milieu du xin 8 siècle, il vint s’établir à Constantinople, au milieu de la communauté caraïte de cette ville. En 1279, il était encore à Sulchat, en Crimée, où il eut une controverse avec des juifs rabbanites sur


une question de calendrier. Il étudia les livres des rabbanites, leurs talmudistes, leurs grammairiens et exégètes ; dans son commentaire de la Bible intitulé : Mibhar, composé à Constantinople (le commentaire du Pentateuque fut écrit en 1289), il utilise le commentaire de Moïse ben Nahman ; dans son ouvrage grammatical intitulé : Kelil yoft, il cite les grammairiens juifs de l’Espagne ; en formant le recueil des prières depuis en usage chez les caraïtes, il y admit des poésies d’Ibn-Gabirol, de Juda Hallévi, d’Ibn-Ezra. Il y inséra ses propres poésies, qui ne passent pas pour être excellentes. Sans avoir une grande originalité, ses commentaires bibliques contiennent des idées intéressantes et sont exempts de cet esprit de secte qui est la plaie des écrivains caraïtes. Pour le distinguer d’Ahron ben Elie, on l’appelle quelquefois Ahron l’ancien ou Ahron Ier.

Bibl. : Fûrst, Gesch. des Karàerthums, II, p. 238. — Neubauer, Aus der Petersburger Bibliolheh : Leipzic, 1866, p. 56. — Graetz, Gesch. d. Juden, 2 » éd., t. VII, p. 203.

AARON (Pierre) ou ARON, didacticien musical, né à Florence dans les dernières années du xv e siècle, mort vers 1562. Il a donné quelques détails sur sa vie dans ses ouvrages et particulièrement dans son Toscanello, dont le curieux frontispice le représente entouré de ses élèves. Aaron fut d’abord moine hiéronymite, puis il fonda, à Rome, en 1516, une école très fréquentée ; distingué par Léon X, il fut nommé chanoine de Rimini. — Aaron est le premier théoricien qui ait posé avec quelque clarté et d’une façon systématique les règles du contrepoint moderne, dans le Toscanello. Le Lucidario in musica jette une vive lumière sur la théorie si difficile des proportions, employées dans la notation des xiv e, xv e et xvi e siècles. Depuis la fin du xv e siècle, les musiciens s’étaient lancés dans des études spéculatives, sur le système des Grecs, diatonique, chromatique et enharmonique. Aaron se jeta avec ardeur dans ces polémiques stériles en apparence, mais d’où devait sortir en somme la théorie de l’harmonie moderne ; sa lutte avec l’illustre Gafori dura longtemps et fit grand bruit.

Voici les titres de ses ouvrages : 1o / Tre libri dell’ Istituzione armonica ; Bologne, 1516, in-4 ; traduit en latin par J.-A. Flaminio ; ibid., 1516, petit in-4. — 2o Toscanello in musica ; Venise, 1523, in-fol., et 1529, 1532, 1539, 1562. — 3 » Trattato délia natura et cognitione di tutti gli tuoni di canto ; Venise, 1525, in-fol. — 4o Lucidario in musica di alcune oppinioni antiche e moderne ; Venise, 1545, in-4. — 5o Compendiolo di molti dubii, seyreti et sentenze intorno al canto fermo et figurato ; Milan, s. d. (v. 1530), in-4. Henri Lavoix.

AARON Ier, prince de Moldavie, mort entre le 19 octobre 1562 et le 20 janvier 1569. On ignore l’origine de ce prince, qui fut installé sur le trône de Moldavie par Castaldo (général espagnol qui commandait en Hongrie l’armée de Ferdinand d’Autriche), dans les derniers mois de l’année 1552. Aaron ne put se maintenir en possession du pouvoir. Il fut promptement renversé, et vécut dès lors d’une pension que lui accorda le prince autrichien. Quand il fut mort, sa femme, appelée Anne, bénéficia après lui des libéralités, d’ailleurs assez mesquines, de l’Autriche.

Bibl. : Urechi, Chronique de Moldavie, édit. Picot, p 388.

AARON II, prince de Moldavie (1591-1595), mort en 1597 à Alvinti (ou Alvinczi), appartenait, selon les uns, à la famille princière du pays (on a cru reconnaître en lui un fils de ce Tomsa qui renversa Jean Héraclide, en 1563, et le père d’Étienne Tomsa qui régna en 1612) ; selon d’autres, au contraire, il avait une origine tout à fait vulgaire. La première opinion paraîtra plus probable si l’on songe que, sous le règne de Pierre le Boiteux, Aaron s’était réfugié en Angleterre. Ce fut là qu’il apprit que Pierre avait le projet d’abdiquer. Il partit aussitôt pour Constantinople, et, grâce aux démarches de