Page:Grande Encyclopédie I.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AARBURG — AARON
— 8 —


seule place forte de la Suisse. 2, 000 hab. Château-fort pittoresque, construit par les Bernois en 4660.

AARE ou AAR. Principale rivière de Suisse, 280 kil. de cours. Elle est formée, un peu au nord du Grimsel, par la réunion des eaux du glacier supérieur ( alt. de 2, 260 mètres) et du glacier inférieur de l’Aare. Elle descend en grondant, au fond d’un ravin, la vallée dite Hasli supérieur, et forme à la Handeek une chute de 75 mètres de hauteur qui est réputée une des plus belles de la Suisse. À l’extrémité du Hasli, et au sortir des terrains cristallins, elle rencontre, près de Meiringen, une longue et profonde déchirure des terrains calcaires, dirigée dans le sens de l’est à l’ouest. C’est dans cette déchirure qu’elle coule vers l’ouest ; elle a comblé une partie de ce creux par ses alluvions et créé la charmante plaine du Hasli inférieur ; elle remplit de ses eaux une autre partie, et forme ainsi les lacs de Brienz et de Thun que sépare une langue de terre apportée par la Lutschine, son affluent ; c’est là, entre les deux lacs, qu’est la petite ville d’Interlaken, fréquentée par les touristes. Sortie du lac de Thun, l’Aare arrose Thun et Berne qu’elle enveloppe de ses replis. Elle reçoit la Sarine, la Zihl, qui lui verse les eaux des lacs de Neuchâtel, etc. (V. Zihl), longe le pied du Jura en se dirigeant vers le nord-est, recueille l’eau de la plupart des lacs et des rivières qui descendent des Alpes Helvétiques:Grande-Emme, Reuss, Limmat (V. ces mots). Au confluent, elle roule une plus grande quantité d’eau que le Rhin lui-même.

Histoire. — Pendant les guerres de la République (seconde coalition), Masséna prit position dans le bassin de l’Aare entre les armées ennemies de l’Italie et de l’Allemagne ; par une série d’habiles combats dans les hautes montagnes, le long de l’Aare et de la Reuss, dans la région des collines, aux environs de Zurich et sur les bords de la Limmat, ce général désorganisa l’armée austro-russe (4799). L’archiduc Charles ayant voulu occuper Dettingen pour couper les communications de Masséna avec Bâle, et ayant commencé (6 et 7 août 4799) la construction de deux ponts de bateaux sur l’Aare à la faveur du brouillard, Ney, averti par une patrouille française, vint prendre position avec 40, 000 hommes en face de Dettingen ; l’archiduc se retira sans combat. E. L.

AARHUS. Ville de Danemark, sur la côte E. du Jutland, à 455 kil. N.-0. de Copenhague. 24, 831 hab. Evéché ; commerce très actif de grains, de bestiaux, de draps, et surtout de gants. Excellent port à l’embouchure du lac de Braband. La cathédrale du xiie siècle est l’une des plus belles du nord de l’Europe. — Le bailliage comprend 2, 477 kq. et 440, 888 hab. — Combat du 34 mai 1849 gagné par le général Hirschfeld sur l’armée danoise du général Rye.

AARŒ. Petite Ile du Petit-Belt, du district de Hadersleben, province prussienne du Schleswig-Holstein, à 750 mètres du continent duquel elle est séparée par le canal appelé Aareosund, où, en 1848, eut lieu un combat naval entre les Danois et les Allemands commandés par von der Tann ; longue de 3 kil. 8, large de 4 kil. 9 ; 200 hab., la plupart pécheurs, de langue danoise et de culte luthérien. — Ne pas confondre avec Aeroe ou Arroë, île danoise (traité de Vienne 1864) plus importante, également dans le Petit-Belt au sud de Funen.

AARON, plus exactement AHARON, personnage de l’ancienne histoire israélite. La Bible (livres de l’Exode et des Nombres) fait de lui un frère atné de Moïse, auquel il aurait prêté un important concours dans l’œuvre de la délivrance des Hébreux de la servitude égyptienne. Lorsque Moïse hésite à aller trouver le Pharaon, sous prétexte qu’il a la parole embarrassée, la divinité le rassure en lui disant qu’Aaron s’expliquera à sa place. Un certain nombre de récits font, en effet, de lui l’assistant et l’intermédiaire obligé de Moïse, soit auprès des Israélites, soit à l’égard du monarque égyptien ; il est à la fois son bras et sa bouche. Dans une autre série de textes, entremêlée à la première, c’est, au contraire, Moïse qui est constamment


au premier plan, et Aaron ne paraît pas. Plus tard, lors du voyage au désert, Moïse ayant été retenu sur le mont Sinaï pour recevoir communication des lois divines, Aaron fabrique une idole du dieu national, qui devient l’objet des adorations du peuple, le veau ou plutôt le taureau d’or, ce qui provoque le courroux céleste. Puis nous le voyons, revêtu de la dignité de grand-prêtre, inaugurer la lignée des chefs du culte israélite ; il meurt enfin, ainsi que son frère, avant l’entrée dans la terre promise et est enseveli sur le mont Hor, non loin de Pétra, ville principale des Iduméens, au milieu de grandes démonstrations de deuil. Le sacerdoce suprême, entouré des prescriptions les plus minutieuses, avait été attribué à sa personne et à celle de ses descendants directs. Cependant deux de ses fils avaient péri miraculeusement pour avoir apporté sur l’autel _ de Yahvéh (Jéhovah) du R feu étranger ». Cette rigueur ne s’accorde point avec l’indulgence qui avait accueilli sa propre conduite dans’l’affaire du veau d’or. — Les principaux traits et actes que la tradition prête à Aaron sont suspects à la critique, sans compter qu’ils offrent un caractère incohérent. Ce n’est cependant point. une raison pour révoquer en doute l’existence même du personnage ; c’est un des très rares noms sauvés du naufrage où se sont engloutis les souvenirs des Hébreux relatifs à l’époque de leur établissement en Palestine, événement dont. la date est incertaine, mais qui doit être placé antérieurement à l’an 4400 avant l’ère chrétienne. La notoriété d’Aaron tient à ce que des écrivains, éloignés des événements de plusieurs siècles, ont cru devoir faire de lui le prototype de la prêtrise souveraine qui joua un très grand rôle chez les Juifs dans la période de la restauration ou du second temple, après le retour de Babylone. On ne se contenta pas alors de posséder le personnage de Moïse, le prophète-législateur, placé au début de l’histoire nationale ; on voulut, en face et à côté de lui, poser la figure du prêtre avec l’importance qu’il avait prise dans le nouvel ordre de choses. Ainsi, sur un nom obscur se bâtit une légende qui n’offre aucun caractère d’authenticité. Une tradition plus ancienne veut que Moïse lui-même ait fonctionné comme prêtre pendant le séjour des Israélites au désert avec l’assistance de Josué, son futur successeur (Exode, xxxvi, 7 à 44, cf. xxiv, 4 à 8 et 43). On s’explique que la figure d’Aaron, produit d’une simple convention, d’une création élaborée de sang-froid, soit absolument incolore et dépourvue d’originalité comme de vie (V. Moïse). M. Verres.

AARON ou AHRON, prêtre d’Alexandrie, médecin et philosophe, contemporain de Paul d’Egine, vivait sous le règne de l’empereur Héraclius (610-, 641 ap. J.-C.). Il écrivit en grec un livre en trente parties, intitulé, selon l’usage du temps, Pandectes. Cet ouvrage fut traduit en syriaque, vers 683, par Gosios ou par le juif Maserdjawaih ibn Djadjal. On ne tonnait ce médecin que par ce qu’en dit Razès dans son traité de la variole ; ses écrits, que par les citations de l’auteur arabe. Aaron a certainement beaucoup compilé d’après les médecins grecs ; cependant il paraît avoir connu mieux que ses devanciers l’épilepsie, l’hypocondrie, les fièvres éruptives, et en particulier la variole, qu’il passe pour avoir le premier décrite. C’est en effet à cet auteur que Razès a dû emprunter, au moins en partie, sa description de la variole et probablement de la rougeole.

AARON ou AHRON BEN ELIE (de Nicomédie), né ou établi au Caire vers le commencement du Riv e siècle, rabbin des plus distingués des juifs caraïtes. Il a écrit un commentaire de la Bible intitulé : Keter tora (Couronne de la Loi ; le commentaire du Pentateuque qui en fait partie a été composé en 1362) ; un Séfer hanamiçvot (Livre des préceptes), intitulé aussi : Gan Eden (Jardin de l’Eden), sur des pratiques religieuses, et un ouvrage de théologie : Eç hayyim (Arbre de la vie), achevé en 1346, destiné à rivaliser avec le grand ouvrage de philosophie de Maimonide, dont les caraïtes étaient jaloux. En général, il a été le Maïmonide des caraïtes, c.-à-d. l’organisation