horticulteur. C’était de l’histoire ancienne ; mais elle intéressait le revenant du Mexique, auditeur ébahi de ces plaisantes chroniques.
Prenant enfin la parole comme par inspiration :
— Puisque nous parlons de bas-bleus, s’écria-t-il, donnez-moi des nouvelles d’Antonia Fouinard !
À ce nom prononcé sans le moindre embarras, et tout uniment jeté dans le courant du dialogue, une vive surprise se peignit sur la figure des trois convives de Philippe. Philippe lui-même pâlit légèrement, et voulut couper la parole à son ami.
— Veux-tu des fraises ? lui demanda-t-il. Ernest pelait une orange, et ne s’aperçut de rien.
— Merci, répondit-il négligemment ; Antonia Fouinard, cette jolie personne que Philippe appelait sans façon Nini, et que je surnommai Nini-Fo le jour où je lus dans un dictionnaire mythologique :
« Nini-fo, déesse de la volupté chez les Chinois. »
Sur ce trait spirituel, Ernest s’arrêta d’autant plus volontiers qu’il venait d’avaler son premier quartier d’orange.
Mais comme personne n’avait ri, le pauvre garçon pensa que son mot ratait. « Je reviens du Yucatan, se dit-il, et je n’ai pas le sens commun. Tentons encore la fortune. »
— Ah ! reprit-il, quelles bonnes soirées nous passions à nous moquer d’elle ! Imaginez-vous, Messieurs, que le seigneur Philippe, ici présent, avait eu l’indigne faiblesse,