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C’EST QUAND L’ENFANT EST BAPTISÉ

éducation, il faillit se laisser aller à quelque geste de pantomime napolitaine, très-inconvenant, envers sa chère épouse, lorsqu’il eut jeté les yeux sur le manuscrit couvert de poussière et de toiles d’araignée qu’elle lui présentait.

On lisait sur la couverture, en gros caractères : Le Triomphe Des Masques. Il était aisé de s’apercevoir que cette pièce remontait au moins au temps de la Comédie de l’Art, lorsque les comédies n’étaient autre chose que de simples canevas que les acteurs remplissaient à leur guise.

Cependant, le désespoir est inventif de sa nature, et, dès que Geronimo eut feuilleté pendant quelques instants le manuscrit du Triomphe des Masques, il se mit tout à coup à sourire à travers ses larmes, et se dit : — Pourquoi pas ?

Ce pourquoi pas voulait dire dans sa bouche : — Puisque je n’ai rien à jouer, pourquoi n’essaierais-je pas de représenter cette pièce que le hasard a remise entre mes mains ? Quand elle sera un peu rajeunie, rajustée, époussetée surtout, elle vaudra peut-être bien ce que je joue tous les soirs.

Consolé par l’idée qui lui était venue, Geronimo mit sous son bras le manuscrit du Triomphe des Masques, et se rendit à un petit café situé sur la place du marché, où se réunissaient habituellement les Quinault et les Métastase du théâtre San-Carlino.

Le premier poète auquel s’adressa le directeur était le fameux Burchiello, qui mangeait du macaroni du matin au soir, et en était déjà à son cinq cent soixante-dix-neuvième