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LA FIN COURONNE L’ŒUVRE.

méditer ensemble le couplet final que nous adresserons au public. Il nous faut quelque chose de neuf, d’éblouissant, enfin un bouquet digne de ce feu d’artifice d’esprit en cinquante livraisons que nous venons de tirer pour le plus grand amusement des lecteurs. Que pensez-vous d’un compliment en vers ?

— C’est bien usé, répondit la seconde Tête ; d’ailleurs les compliments en vers ne se font que pour les inaugurations.

— Si nous écrivions une post-face ! « Ce livre que vous venez de lire, Messieurs et Mesdames, est l’histoire abrégée de l’humanité. Qu’est-ce que le proverbe, sinon l’expression la plus élevée de la philosophie ? La philosophie elle-même n’est-elle pas la connaissance de l’homme ? Or, le proverbe c’est l’humanité. Remarquez en effet comme dans ce volume tout prend une voix, une forme, un sens : financiers, bourgeois, oiseaux, quadrupèdes, Chinois, Français, Italiens, Grecs, Allemands, gens de tous les pays, de toutes les nations, de toutes les époques, tout le monde vit à la fois de la même vie et parle la même langue, celle du bon sens. Ce livre manquait à l’univers, l’univers ne manquera pas à ce livre ; mais qu’on nous permette de développer notre pensée… »

— Assez de développements comme cela, dit à son tour la troisième Tête ; je ne connais rien de plus ennuyeux qu’une préface, si ce n’est une post-face : personne ne la lit.

— Bornons-nous alors à solliciter l’indulgence du public…

— Daignez excuser les fautes de l’auteur ? c’est trop rococo. Paix aux vieilles formules, ne faisons pas la palingénésie des théâtres forains.