sur un âne d’un tempérament extraordinaire, qui voltigeait, galopait, caracolait à volonté ; un volcan, un amour d’âne.
À l’heure du dîner, on revint par la grande allée de la forêt ; tous les ânes, électrisés par leur écurie, allaient comme le vent. Madame Louchard était en tête, fendant les airs, échevelée, délirante ; Zéphyrin lui-même avait peine à la suivre. On criait : « Vive madame Louchard ! » quand tout à coup son âne fait un chassé-croisé, la selle tourne, et voilà la perle des amazones qui tombe à la renverse sur le gazon.
On la crut blessée ; mais elle n’était qu’émue. Dès qu’elle fut remise sur ses jambes, son premier mouvement fut de s’écrier d’un ton désespéré : — Et mon tour ! mon tour !
— Preuve qu’elle pense toujours à Zéphyrin, se dit Euphrosine.
Le tour était resté sous l’âne, qui se roulait sur le gazon.
On transporta madame Louchard à l’auberge du Tourne-Bride. Zéphyrin, qui voyait que son plus grand chagrin était de se sentir décoiffée, était déjà en fonctions, les manches retroussées, les pincettes en main. Toutes les jeunes filles étaient occupées à rendre la forme humaine au chapeau de madame Louchard.
— Ne craignez rien, dit Zéphyrin à l’infortunée corsetière, tout sera bientôt réparé, oh ! ma poule…
— Sa poule ! s’écrie Euphrosine sur le point d’éclater.
Zéphyrin lui marche violemment sur l’orteil :
— Aidez-moi donc au moins, lui dit-il en affectant de la brusquer, vous qui êtes là à me regarder les bras croisés… Tenez-moi cela…