Page:Granet - Recueil de dissertations sur plusieurs tragédies de Corneille et de Racine, t. 1, 1740.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
218
Diſſertations ſur les Tragédies

Qiant A M. Corneille, j’apprens qu’il a dit, que pour juger clc Tes ouvrages ilfaadrolc en taire de meilleurs, je ne m’en étonne pas, car c’efl : la dernière 6c la plus mauvaifc cxcufc de fcs taures dans fon dilcours des trois Unités, où il en tait comme Ion ancre facrcc, & : le plus puiflant rampart qui le doive défendre. Et comme vous avez cru, Madame, qu’il n’a fait ce difcours que pour afîbiblir les raifons 6c la force de ma Praticjne du Théatre en les corrompant, 8c que j^ vous ai vu quelquefois douter fur cette fautîe maxime, je vous prie de trouver bon que j’clTciie de vous en détromper entièrement. VI. Corneille €n a tellement infatué le parterre, que cette erreur commence à monter fur le Théâtre d>C dans les loges, & : vous pourriez bien vous y entretenir par l’opinion de beaucoup de gens de qualité qui vous approcheront. Mais premièrement je ne fais pourquoi ceux qui rempliiïent le parterre de nos Théâtres fe laitTenc abufcr par un fi mauvais difcours ; car ils n’ont qu’à faire réflexion fur eux-mêmes j ils ne font pas tous capables de faire un habit, un foulier, ni un chapeau, &c néanmoins ils en jugent tous les jours quand les Artifans leur en apportent ; ils connoiflent bien s’ils font proportionnés à leur taille, ils fentent bien s’ils font trop larges ou trop étroits, s’ils les incommodent, ou s’ils leur laiffcnt la libertc de cous les mouvcmcns de leur corps,