Page:Grangé et Millaud - Les hannetons.pdf/28

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LE PRINTEMPS.

Elle n’a qu’une aiguille.

LA PRIME.

Oui, monsieur… mais (Elle désigne une autre montre.) pour les abonnés de six mois, il y a deux aiguilles.

LE PRINTEMPS.

Et les acheteurs au numéro ?

LA PRIME.

Pas d’aiguilles du tout !

LE PRINTEMPS.

Et ce petit cadran ? il me semble que l’heure avance beaucoup.

LA PRIME.

Oui, c’est la prime des journaux avancés.

LE PRINTEMPS, désignant un autre cadran.

Et celui-ci ? il me semble qu’il retarde.

LA PRIME.

Ça, c’est la prime des journaux réactionnaires !

LE PRINTEMPS.

Sapristi ! c’est bien gênant pour savoir l’heure !… Et ceux qui sont d’une opinion juste milieu, qui veulent savoir la vraie heure qu’il est ?

LA PRIME, montre un cadran.

Nous avons le cadran centre gauche.

LE PRINTEMPS.

Et ce coucou ?

LA PRIME.

C’est pour les abonnés en ménage.

LE PRINTEMPS.

Eh bien ! et ceux qui s’abonnent pour un an ?

LA PRIME.

Monsieur, ils choisissent ce qu’ils veulent dans ma collection.

LE PRINTEMPS, lui prenant la taille.

Alors, je m’abonne pour dix ans !

LA PRIME, se défendant.

Prenez garde ! vous allez casser mon grand ressort.

LE PRINTEMPS.

Pardon ! j’étais trop dans le mouvement !

LA PRIME.

D’ailleurs, monsieur, vous n’avez pas besoin de vous abonner pour avoir la prime : toutes les magasins, tous les industriels, en donnent à leurs clients, c’est la mode, c’est l’usage, c’est la fureur générale.