Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/104

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ment, devra, à nouveau, lutter contre l’indifférence ou l’opposition d’autres députés qui pourront n’avoir été élus qu’en s’engageant à faire triompher des principes autres ou contraires.

On peut facilement comprendre qu’avec ces complications les partisans d’une réforme, si simple soit-elle, ne soient jamais qu’une infime minorité dans le Parlement. Nous ne parlerons pas du Sénat où doit s’opérer une troisième lutte, et comment il se fait que les sessions et les législatures se succèdent les unes aux autres, la plupart des réformes restant indéfiniment à l’état de projets.

Quant à celles qui finissent par arriver à terme, elles ont tellement été discutées, amendées, corrigées, que lorsqu’elles sortent de ces différents tripatouillages, elles sont devenues si anodines qu’elles n’apportent aucun changement à la situation qu’elles sont censé devoir transformer.

La société étant basée sur l’antagonisme des intérêts d’individu à individu, de groupe à groupe, de corporation à corporation, de région à région, dans la même nationalité, que ce conflit d’intérêt aveugle tout le monde, déformant les plus simples notions de justice et que le moindre changement proposé contre l’ordre social qui peut sembler juste et rationnel à ceux qui espèrent qu’il va apporter une amélioration à leur situation, est considéré comme attentatoire à leurs droits par ceux qui, satisfaits de l’ordre présent, s’imaginent que leur quiétude pourrait être troublée par un changement quelconque.