Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/123

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paient de leurs peines, de leur vie, de leur santé, de leur travail, et de leurs privations.


Nous aussi, nous ne demanderions pas mieux que l’organisation sociale s’améliorât graduellement, nous évitant, à nous ou à nos descendants, l’effort d’une révolution, l’immolation de nombreuses victimes, sans compter, qu’il nous serait bien plus agréable que notre rôle se bornât à nous adapter à la société actuelle, pouvant, nous aussi, prendre place à côté des dirigeants, en venant prôner nos petits projets de réforme, que ces bons électeurs nous enverraient proposer à la Chambre.

Croit-on que, à nous aussi, le cœur ne saigne pas à la pensée des victimes que nécessitent les revendications armées ? — Croit-on que même les revendications pacifiques, n’aient pas les leurs ? — Croit-on que c’est de gaîté de cœur, par pur dilettantisme, et par amour de voir couler des larmes et du sang, que nous constatons la nécessité de la lutte ?

Et la lutte sera-t-elle amenée par le fait de cette constatation, ou par la résistance des classes pourvues, par leur volonté de ne rien accorder aux réclamations des dépossédés ?

Nous n’avons pas, du reste, la prétention de croire que ce sont nos prédications plus ou moins enflammées qui vont soulever les foules. Nous n’avons pas l’outrecuidance de croire que c’est à notre voix que vont se soulever les combattants, que ce sont nos écrits qui vont les pousser à la rue. Nous l’avons déjà dit, nous sommes plus modestes, et dans nos désirs, et dans la conscience de notre rôle. Nous