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Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/143

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injustices dont ils profitent ? Pour quelle part de responsabilité, leur égoïsme les fait entrer dans ce désespoir ? et si, dans la genèse de ces actes, l'oppression sociale n'y a pas une part plus grande que l'influence des idées de révolte elles-mêmes ?

L'incapacité des individus à embrasser toute la contingence de leurs actes, si elle fait l'ignorance des exploités, a fait aussi que les maîtres ne sont guère capables de prévoir toutes les conséquences de leurs actes, ayant fort à faire pour assurer leur domination dans le présent, sans trop savoir si les moyens qui l'assurent ne la démolissent pas pour l'avenir.

Dans le choix des moyens, la plupart des individus sont le plus souvent incapables de discerner les meilleurs. Ce qui leur paraît rendre les résultats les plus immédiats, les passionne au point de leur faire oublier le but principal.

Ce que l'on nomme l'opinion publique, essaie bien de faire une espèce de synthèse, en s'escrimant à fondre ensemble toutes les idées qui ont cours ; mais cette synthèse très défectueuse, de par l'ignorance de la majorité, est toujours fort au-dessous de la moyenne d'idées.

C'est une adaptation à l'ordre de choses existant qui se fait. Avec une transformation vers l'idéal, sans doute ; mais si légère, si atténuée, qu'il faut embrasser de longues périodes d'années pour s'apercevoir de la transformation.

Bien heureux, encore, lorsque cette transformation a porté sur les choses, et non sur les mots.

C'est ce défaut d'aptitude à embrasser une idée dans son ensemble ; dans toute sa complexité, qui