Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/153

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avec cette idée d'action et d'initiative individuelle, en leur démontrant que les protestations après coup, les récriminations à distance n'ont jamais rien réparé, rien empêché, et ne dénotent qu'un abaissement de caractère, un manque de virilité dans les foules.

On grogne, mais on subit. Et nos maîtres le savent. Que l'on s'habitue à moins grogner, à résister davantage, on ne tardera pas à en éprouver les bons effets.

Lorsqu'on se sera bien mis dans la tête qu'un homme en uniforme n'en vaut pas deux, qu'un homme même lorsqu'il a de l'argent ne vaut que par son caractère, on se sentira plus fort en face d'eux.

Oh ! surtout, si les gens pouvaient de rendre dans les tribunaux, voir les choses avec des yeux désabusés, comprendre comme il est de piètre pacotille ce prestige dont ils essaient de s'entourer ; comme elle est fausse et ridicule cette mise en scène théâtrale dont ils s'affublent, en voyant les culottes clairs dépasser les robes, leur indifférence et leur inattention, alors qu'il s'agit de discuter de la vie et de la liberté d'un homme ; les marivaudages entre l'avocat et l'avocat-général, alors que ceux-ci font assaut d'éloquence et de bel-esprit semblant ignorer que c'est sur de la souffrance humaine qu'ils opèrent, comme on aurait vite fait de mépriser ces gens-là, comme disparaîtrait la crainte de leurs soi-disant flétrissures, comme leur arrogance tomberait vite devant la poussée des consciences indignées.