Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/162

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Depuis, les événements nous ont appris que Salvator, l'auteur de l'explosion, avait vu torturer ses camarades, avait été torturé lui-même, et avait juré de tirer une vengeance éclatante de toute la classe dont les défenseurs avaient été si féroces !

La vengeance fut aussi implacable qu'avait été la férocité des tourmenteurs.

«La violence entraîne la violence ; elle est toujours inexcusable», nous dit-on.

D'autant plus inexcusable, lorsque ceux qui l'emploient disposent de toutes les forces sociales.

Mais lorsqu'on a souffert de cette société qui broie tant de malheureux, lorsqu'on a vu les siens souffrir de la faim, mourir d'évanouissement, certains scrupules disparaissent, et lorsque la force vous opprime, qu'il n'y a plus que la force comme suprême argument, ceux-là qui ne maintiennent leur tyrannie qu'à l'aide de la violence, sont mal-venus de se plaindre lorsqu'elle se retourne contre eux.

Lorsque la bête est acculée, elle voit rouge, fonce sur les assaillants, renverse ce qui lui fait obstacle, tant pis pour ceux qui se trouvent sur sa route. La responsabilité première en est à ceux qui la poussèrent au désespoir.

Les ruffians de la politique devraient songer à une chose, c'est que la guerre s'est déplacée ; on souffre toujours des institutions politiques, on les abomine, mais on ne hait plus les hommes politiques au point de voir en eux les seuls ennemis ; on sait que leur disparition n'amènerait aucun changement.