Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/165

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Si tout n'est pas pour le mieux, qu'y peut-il de plus que les prolétaires qui crèvent de misère ?».

La différence ? — C'est qu'il vit de l'ordre social et que les autres en crèvent.

Et alors il y a des gens qui se disent que ce n'est pas juste ; que la société ayant la prétention d'être établie pour sauvegarder la justice et le droit, c'est un crime d'avoir du superflu lorsque les autres manquent du nécessaire, qu'il faut que cela change, et que ceux qui ne sont pas avec vous dans la lutte, sont contre.

C'est que la solidarité n'est pas un vain mot. Et votre société, toute basée qu'elle soit, sur l'effort antagonique des individus, ne peut faire que, malgré tout, on ne soit, dans son sein, solidaire des actes ou des institutions dont on profite.

Non seulement nous sommes responsables de ce que nous faisons, du bien dont nous profitons, du mal que nous accomplissons nous-mêmes, mais aussi de celui que nous laissons accomplir.

Et c'est parce qu'ils ne l'ont pas compris que les privilégiés de l'actuel ordre de choses s'acharnent à vouloir maintenir une organisation qui ne sait faire de bien aux uns qu'en faisant du mal aux autres.

Le bourgeois qui vit de ses rentes, comme l'ouvrier qui vit pour lui tout seul, sans s'occuper de ses camarades, refusent de se solidariser avec les réclamations de moins favorisés que lui ; le député qui fait les promesses les plus hardies, sans s'inquiéter comment il pourra les tenir, l'écrivain qui, dans un moment d'émotion sincère dévoile les turpitudes du système bourgeois, ou simplement parce