Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/172

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fait, tout est relatif : les contrastes ne sont, le plus souvent, qu'une différence de proportion se rattachant par des tons intermédiaires.

Les choses ne nous semblent opposées que parce que nous les envisageons dans leurs extrêmes ; tandis que si nous suivons l'échelle dans ses progressions, nous finissons par nous apercevoir que ce qui nous semble le plus opposé, n'est différent que de degré, non de nature.

Et alors, cette nécessité, pour chacun, de se faire une règle personnelle de conduite, — arbitraire puisqu'elle n'a pour règle que la volonté de l'individu — fait que l'on accepte de faire telle chose, que l'on repousse telle autre, sans que nous puissions mettre absolument hors de critique les raisons qui nous les font accepter ou repousser.

Aussi, ce que cette question a fait couler d'encre parmi les anarchistes, ou dépenser de salive ! sans qu'elle se soit élucidée. Sans compter ce qu'elle fera dire ou écrire encore.

«Est-ce que la fait de subir les rebuffades d'un patron ou d'un contre-maître, d'aller, de porte en porte, quémander du travail, ne déprime pas les caractères autant que le fait de mentir pour combiner et préparer un vol ?» rétorquaient ses partisans, lorsqu'on leur faisait remarquer la ruse et la duplicité qu'il comporte.

Il est de fait que, bien souvent, l'atelier est un bagne où les ouvriers sont traités en esclaves ayant, à chaque moment, à subir les engueulades des patrons ou des contre-maîtres ; que, trop souvent il