Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/184

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marchons, ne nous lâcheront pas en pleine bataille parce qu'ils auront trouvé le moyen de vivre.

«Notre corps,» nous dit-on, «doit vivre pendant la lutte. Tout ce qu'on peut nous demander, c'est de ne pas nous illusionner sur l'honnêteté des moyens que nousemployons pour vivre.»

D'accord, et c'est pourquoi, lorsque nous faisons pour vivre, une concession à la société actuelle, nous voulons au moins que l'on ait la franchise de le reconnaître. Que l'on avoue que l'on commet une faiblesse, une faute, une lâcheté par nécessité, mais que l'on ne vienne pas nous l'ériger en principe.

Luttant pour la solidarité entre individus, pour le redressement de la fierté individuelle, voulant propager cet idéal et le faire comprendre de ceux qui l'ignorent ou le connaissent mal, nous ne devons accepter de solidarité qu'avec ce qui peut contribuer à la diffusion de cet idéal, repousser ce qui peut le dénaturer, surtout ces théories émasculantes qui tendent à nous éloigner du but, en préconisant aux individus les petits moyens pour des petites choses qui n'arrivent, en fin de compte, qu'à les dégrader de plus en plus.

Voulant sortir de la société d'ignominie qui nous déprime, ce n'est qu'en haussant notre pensée, notre volonté au-dessus d'elle que nous y réussirons.

Laissons-lui donc ses moyens. Et aspirons à la période où, l'idéal anarchiste plus fort que l'instinct de conservation, entraînera les individus à ne plus accepter de compromissions avec la société actuelle.