Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/186

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froids, où les faits de corruption les plus probants, les empiétements du pouvoir sur l'autonomie individuelle, vont se développant sans cesse, sans qu'ils cherchent même, à s'en défendre.

Et, quelle que soit l'énergie d'un parti, il n'est pas sans subir l'influence de cette atmosphère de veulerie dans laquelle il est forcé d'évoluer.

Sous l'influence de l'évolution des idées qui demandent à s'épanouir en faits, nombre d'anarchistes voudraient agir, mais, subissant l'apathie générale ; minés aussi par cette propagande dont je parlais dans le chapitre précédent, qui leur dit «que le but de l'individu étant de jouir, il faut que chacun, même dans la société actuelle, cherche à jouir par toutes ses facultés, par tous ses pores ; que le sacrifice n'est qu'un leurre, et qu'il n'y a que lorsque chacun voudra avoir sa part de jouissance que s'opérera la transformation sociale», ils ne savent plus où se tourner.

Présenté d'une certaine façon, cela a un air de logique qui peut tromper ; d'autant plus à la portée des gens, qu'il est préférable de jouir qu'à faire des sacrifices.

Mais, malheureusement, nous sommes en la société bourgeoise qui, elle, si elle prêche aux individus des théories de renoncement, de charité, d'abnégation individuelle, en faveur du bien général, n'est basée que dur l'individualisme le plus égoïste, le plus étroit, le plus féroce, mettant chaque être en lutte, directe ou indirecte, avec ses voisins, ne réservant ses jouissances qu'à celui qui sera le plus fourbe, le plus violent, le plus rapace.

C'est la théorie, par excellence, de jouir en tout,