Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/189

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la voir se réaliser immédiatement, et qui, déçus dans leurs espérances, l'illusion tombée, sont effrayés de la route à parcourir, de la longue période d'évolution à suivre.

Il y a, d'autre part, une occasion d'agir, ne veulent pas s'y même sous prétexte que cela ne cadre pas avec l'intégralité de notre programme.

Il est hors de doute que les anarchistes, en leurs actes doivent toujours être guidés par leurs principes, et toujours cela a été ma façon de voir ; mais il ne faudrait pas oublier non plus qu'il n'y a que les abstractions qui soient absolues ; que, tout en ayant placé notre idéal en une société meilleure, nous vivons dans la société actuelle à notre corps défendant, le plus souvent forcés quand même de tenir compte des relativités que nous crée le fait de vivre dans un état social qui n'est pas le nôtre.

L'absolu n'existant pas, nous sommes bien forcés de nous contenter d' «à peu près». Il ne s'agit plus que de savoir jusqu'où ils continuent d'être une manifestation de notre idéal ; quand ils deviennent un renoncement ou une lâcheté.

Ici manque le critère. Ici le point de démarcation reste soumis à l'arbitraire de chacun. Les uns testant en deçà, les autres allant au delà. Le mal ne sera pas grand, tant que l'on gardera, comme point de repère l'idéal complet. Tant que la conception anarchiste, nettement définie, restera toujours présente à nos yeux, pour nous servir de point de comparaison, nous indiquant lorsque nous nous éloignons trop de sa réalisation.

Oui, il faut, avant tout, éviter de se jeter à l'aveuglette