Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/204

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Mais les espagnols n'avaient pas renoncé à la lutte : chaque maison devint une forteresse, chaque coin de rocher, chaque buisson, une embuscade contre l'envahisseur ; chaque paysan un soldat qui, patiemment, attendait sa victime pour disparaître le coup fait, devenant insaisissable, protégé par la complicité de tous, et recommençant l'occasion propice venue.

Le soldat isolé était sûr qu'une balle viendrait le frapper au coin d'un bois, au détour d'un chemin, ou qu'un coup de couteau s'abattrait sur lui au moment où il s'y attendrait le moins.

En entrant dans un village, la compagnie, le détachement, savaient qu'ils n'y trouveraient ni eau, ni vivres, la solitude, le vide se faisant devant le vainqueur, pendant que derrière se reformait le flot des persécuteurs invisibles.

Et cela, sans qu'il fût besoin d'ordres ni de pouvoir central. — Si, il y avait bien une junte directrice, mais vu qu'elle était forcée de se dissimuler, ses ordres n'auraient eu aucun effet, ou seraient arrivés bien trop tard, si l'état d'esprit de la population n'avait inspiré lui-même cette tactique.

Celle de Napoléon finit par s'y briser. Les vainqueurs finirent par être les vaincus.

De même au Mexique, où Badingue était allé réaliser la «grande pensée du règne». La situation fut la même : des batailles rangées donnèrent la victoire à l'envahisseur, des villes furent emportées d'assaut ; mais les escarmouches, les guerillas eurent vite fait d'user l'armée victorieuse en détail. Les conquérants durent renoncer à leur proie.

Ce qui prouve que la véritable force est en la volonté