Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/249

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draient bien accorder les désirs d’émancipation de la foule, avec le respect des institutions sociales actuelles.

Et, de fait, le travail accompli par les Trades-Unions avait de quoi les enthousiasmer en leur faisant espérer l’enraiement de la révolution, s’ils réussissaient à acclimater en France leur idéal avec ses façons de procéder.

Sans s’embarrasser des « utopies » de transformation sociale, de reprise de possession, d’abolition de l’autorité, de l’exploitation, et autres idées qui ont cours, avec l’idée de défense des salaires, parmi les ouvriers en France, les travailleurs anglais n’ont, jusqu’ici, lutté que pour la défense seule de leurs salaires, pour la diminution des heures de travail, et la défense de leurs droits de coalition.

Ils reconnaissaient implicitement aux patrons le droit de les tondre, pourvu que ce ne soit pas de trop près. Le droit d’exploitation, ils ne le mirent jamais en péril, ni même en doute; leurs discussions avec les patrons étant toujours restées des discussions d’individus, dont l’un vend, et l’autre achète, chacun cherchant à faire la meilleure affaire possible, mais ne contestant pas à l’autre le droit d’y réussir s’il en a la possibilité.

Les grèves, le plus souvent, lorsque l’existence légale des Trades-Unions fut reconnue, furent une lutte courtoise; c’était presque toujours après une entente cordiale entre les deux parties que se terminaient les différends. — C’est du moins, tels que nous les présente, un volume d’enquête publié par le Musée social[1] qui, sans doute, appuie davantage

  1. Trade Unionisme en Angleterre, 1 vol. chez Colin.