Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/266

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C’est le désir de s’adresser aux travailleurs qui, en temps d’élection, fait sortir de leur apathie, les camarades les plus indolents en temps ordinaire, et mener la propagande abstentionniste dans les réunions électorales.

Mais, dans ces réunions, ce n’est déjà plus l’ouvrier que l’on rencontre. Ce sont des politiciens, des hommes qui se figurent être maîtres de leurs destinées, parce que les candidats viennent, platement, se prosterner devant eux.

Tous, ils ont en poche un projet — de réforme sociale serait trop peu pour eux, mais — de politique générale; ce sont les relations diplomatiques et internationales qu’ils visent à régenter.

Discutant gravement sur les âneries que viennent leur faire avaler les politiciens de profession, ils s’imaginent être de profonds Metternich, des Talleyrand ou des Richelieu, et parlent de libérer les autres peuples, sans s’apercevoir qu’ils sont eux-mêmes pillés, grugés, exploités, subissant les pires empiétements d’une centralisation qui, bientôt, voudra réglementer leurs actes les plus intimes.

Le public des réunions, électorales surtout, est, certainement, le plus indécrottable qui soit, tandis que ceux qui, déjà, se réunissent pour lutter par eux-mêmes contre l’exploitation, s’ils ont les travers des autres, indiquent cependant un état d’esprit qui ne demande qu’à être cultivé.

Seulement beaucoup de nos camarades lorsqu’ils entrent, dans un groupe ou dans une réunion, pour faire de la propagande, n’écoutant que leurs désirs et leur tempérament, se figurant être déjà dans un milieu anarchiste, se mettent à y agir et y discuter