Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/41

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et en intensité ce qu’elle a gagné en nombre. Beaucoup venus à l’idée par sentiment, par dilettantisme, par entraînement, ne se rendent pas compte de la somme d’efforts et d’abnégation que demande une idée qui a à lutter contre tout l’état social.

Venus avec toutes leurs idées fausses et politiques, toute leur ignorance des causes réelles, des maux dont nous souffrons, ils ont apporté avec eux, toute la pharmacopée politique, et s’imaginent avoir changé d’idées parce qu’ils y ont mis une étiquette nouvelle. Cela fait que, par certains côtés, l’anarchie semble vouloir dévoyer du chemin poursuivi jusqu’à présent.

Je sais bien que ceux qui agissent ainsi prétendent que c’est par largeur de vue, déclarant que, pour eux, tout moyen est bon, pourvu qu’il nous mène au but, et que c’est faire œuvre de sectarisme, montrer de l’étroitesse de vue, en repoussant tel ou tel moyen.

Seulement, à ce compte-là, il serait très facile de s’accorder un brevet de tolérance et de penseur universel, en acceptant d’incorporer dans sa philosophie, n’importe quelle idée, n’importe quelle action. Le mal est que lorsque l’on accepte tant de choses, c’est que l’on ne croit à rien ; cette philosophie peut bien vous faire tout accepter, tout excuser, mais elle ne vous mène pas à l’action contre ce qui est mauvais.

La largeur d’esprit, pour moi, consiste à savoir embrasser une question sous tous ses aspects, — ceux du moins que l’état actuel de nos connaissances nous permet de distinguer — dans tous ses rapports avec les autres questions, et d’y mo-