Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/67

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clament de la révolution sont pris dans l’illogisme de leur tactique :

Révolutionnaires — ils l’affirment — ils reconnaissent par là que l’organisation capitaliste ne pourra être transformée qu’en l’attaquant dans son essence même, et que toucher aux bases sur lesquelles elle repose, c’est provoquer une résistance implacable puisque la révolution est jugée nécessaire pour la vaincre.

Et, partisans de l’agitation électorale, ils inscrivent sur leurs programmes électoraux des réformes qui ne portent que sur les modes d’exploitation et non sur l’exploitation elle-même.

Et ils sont logiques dans leur illogisme. Convaincus de l’ignorance de la foule, qu’il faut flatter cependant pour obtenir ses suffrages, ils ont renoncé à lui faire comprendre la question dans toute son étendue. Ayant commencé à châtrer leur programme en se servant des moyens légaux et parlementaires, ils sont forcés de suivre la filière.

Pour justifier la présence, sur leur programme, de réformes qu’ils tendent comme appât à l’électeur ignorant, ils sont amenés à attribuer à ces réformes des qualités curatives contre les maux sociaux qu’ils prétendent combattre. Plus l’électeur est rétif, plus grandes doivent être les promesses. Et, l’imagination de l’électeur aidant, les réformes deviennent tout, la révolution disparaît.

Et c’est ainsi que l’on use les forces et la patience des générations. Toujours attendre de moyens illusoires une amélioration qui ne pourra s’accomplir que lorsqu’on osera, franchement, porter le scalpel dans le système lui-même.