Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/95

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« on n’a que le gouvernement que l’on mérite » est parfaitement vrai. Les gouvernants n’osent que ce que leur permet la lâcheté des gouvernés.

Quelles que soient les lois que vote un Parlement, elles ne peuvent être appliquées que si les gouvernés s’y prêtent.

Et les fameuses « lois scélérates » en sont un exemple.

Elles devaient foudroyer l’anarchie. Leur rédaction permettait de poursuivre et d’envoyer au bagne qui se réclamait de l’anarchie. Elles faisaient appel à l’espionnage, à la délation en punissant celui qui ne se faisait pas dénonciateur.

Et, cependant, nous continuons à nous proclamer anarchistes, nous continuons à développer nos idées, à faire la critique de l’ordre social, dans les mêmes termes, avec la même virulence qu’avant leur vote, et l’on a pas osé nous appliquer les lois.

Le peu qu’on a osé les appliquer ne l’a été que pendant une époque de terreur, et, la terreur passée, chaque fois qu’on les a sorties, elles ont été plus bénignes que les lois ordinaires.

Cela, tout simplement, parce que l’on a été forcé de tenir compte d’une certaine opinion qui veut que toute idée puisse s’exprimer librement et qu’il n’est pas au pouvoir, même des gouvernants, de remonter certains courants.

Toute la réaction que nous avons à craindre c’est celle venant des Parlements. Et, comme on le voit, une forte opinion peut la faire avorter.

La vie d’un peuple ne se compose pas que d’élections ; sorti du bulletin de vote, ce ne sont pas les occasions d’agir qui manquent à son activité.