Page:Grave - La Grande Famille.djvu/130

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pas habituer le soldat à ne pas être difficile ?

Arrivé au bord de l’escalier, Yaumet refusa de descendre, mais une bonne poussée lui ayant fait perdre l’équilibre, les quatre idiots n’eurent pas de peine à l’amener près du bassin.

Le déshabiller malgré le froid qui était ce matin-là des plus piquants, malgré ses cris et sa résistance, et l’étaler sur une pierre fut l’affaire d’un instant, pendant qu’une partie de la compagnie — à laquelle on avait ordonné de rompre, sitôt le docteur sorti — était descendue pour assister à ce spectacle.

Tout le monde riait à se tenir les côtes, pendant que le pauvre diable se tordait sous la morsure des brosses de chiendent que les quatre abrutis manœuvraient avec conviction.

— N’ayez pas peur de frotter, glapit Loiseau, ça lui apprendra à se tenir propre, ce sale cochon.

— Foutez-le dans le bassin, renchérit Balan, ça lui fera du bien de se baigner.

Et le pauvre Yaumet fut poussé dans le bassin dont on le retira après l’avoir laissé barboter pendant quelques instants. Tout grelottant et claquant des dents, on l’étendit à nouveau sur la pierre, où il fut briqué de plus belle, pendant que les loustics l’assaillaient de leurs lazzis, faisant parade d’esprit.