Page:Grave - La Grande Famille.djvu/156

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se trouvaient à l’extrémité du champ de manœuvre qui enserre les casernements ; c’étaient de petites constructions, basses, couvertes de tuiles rouges, n’ayant, en guise de fenêtres, que de simples meurtrières grillées ; les portes massives étaient hérissées de clous à énorme tête, de lourds verrous les fermaient au dehors.

À l’intérieur c’étaient de petites salles dont le fond était occupé par les planches du lit de camp ; des poutres entrecroisées soutenaient le toit.

Le soleil ayant dardé toute la journée sur ces tuiles dont la teinte sombre absorbait les rayons, et l’air chargé d’émanations empestées, grâce à la présence, en un coin, du baquet à immondices, circulant difficilement à travers les étroites ouvertures, une chaleur malsaine vous saisissait à la gorge dès l’entrée.

Par contre, l’hiver, la température était glaciale, et nombre de ceux que l’on envoyait coucher le soir d’une marche y contractaient des pleurésies ou des fluxions de poitrine qui les couchaient dans la fosse, alors que la vie s’ouvrait à peine devant eux, large et souriante.

— Bon Dieu ! ce que ça trouillote, ici, fit en entrant un des camarades de Caragut.

— Fallait le dire, répondit un des artilleurs, on aurait parfumé les appartements de monsieur à