Page:Grave - La Grande Famille.djvu/159

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mon copain, l’Arête est libérable dans quinze ; notre temps fini ils seront bien forcés de nous renvoyer. Les deux autres copains, s’ils sont ici, c’est plutôt à cause de nous, qu’il n’y a de charges contre eux : une fois que nous serons dehors, ils ne pourront pas les garder jusqu’à perpète. Ils ont beau faire, macach pour savoir qui a fait le coup, je n’en sais rien et ne veux pas le savoir. Mince de gueule qu’il fait le brigadier !

Les marsouins s’égayèrent du récit. La conversation s’étant engagée, chacun raconta quelque histoire de régiment. Histoires que chacun a entendu raconter, mais que personne n’a vues.

Un artilleur connaissait un adjudant qui avait frappé un soldat sur les rangs : l’homme ayant foncé sur l’adjudant, baïonnette en avant, celui-ci tremblant de peur avait pris sa course à travers le quartier. Le colonel — c’était un jour de revue — ayant vu l’agression, ordonnait de laisser le champ libre aux deux hommes, et aurait engueulé le soldat d’avoir été assez maladroit pour laisser échapper l’adjudant.

Un autre avait « entendu raconter » que le capitaine de la 16e avait traité un de ses hommes d’idiot parce que, ayant tiré sur un sergent qui l’avait frappé, il l’avait manqué.

Caragut émit quelques doutes sur l’authenticité