Page:Grave - La Grande Famille.djvu/176

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dernier qui étant de garde et caporal de consigne, avait quelque peu étrenné dans la bagarre. Vous avez, je l’ai vu, reçu un coup de poing, lorsqu’il s’est relevé, vous le noterez.

— Je vous demande pardon, mon capitaine, je n’ai rien reçu ; je me suis tenu tout le temps à l’écart.

— Vous n’avez rien reçu ! bégaya Raillard furieux, vous n’avez rien reçu ! osez donc le répéter ! je l’ai vu et entendu, ce coup de poing ! vous ferez votre rapport, ou c’est moi qui vous porterai un motif de prison.

Loiry avait un peu pâli ; à la menace de Raillard il sembla hésiter, mais reprenant son aplomb, il articula nettement :

— Mon capitaine, je ne puis pourtant pas accuser un homme de ce qui n’est pas. Je vous jure que je n’ai pas senti de coup de poing. Il s’est débattu, c’est vrai, je me suis borné à le maintenir, en restant hors de portée. Je n’ai rien senti.

Raillard, suffoqué par l’indignation les lèvres tremblantes de colère, allait éclater ; mais, réfléchissant sans doute que les charges contre sa victime étaient suffisantes, il tourna les talons, se contentant de grommeler :

— C’est bon, c’est bon, vous réfléchirez d’ici demain. Tâchez d’être en règle !